La confidence de ces desseins fut faite au comité ecclésiastique afin que celui-ci donnât son avis, non sur la politique résolue par le maître, mais sur les moyens d’exécution. Il proposa les suivans : négocier d’abord avec Pie VII une modification au Concordat, et demander que l’investiture des sièges vacans, faute d’avoir été donnée par le Pape dans un certain délai, fût valablement conférée par l’archevêque ou un évêque de la province ecclésiastique ; si le Pape se refusait à cette concession, renoncer au régime des Concordats, revenir à celui de la Pragmatique Sanction ; et, pour rendre l’élection et l’investiture des nouveaux évêques à l’épiscopat, convoquer, selon que l’Empereur voudrait étendre la réforme à ses États seulement ou à toute la catholicité, un concile national ou œcuménique.
Le plan parut bon à l’Empereur. Obtenir de ceux qu’il voulait spolier ce qu’il voulait leur prendre était pour lui vaincre deux fois. On tenterait donc la négociation. Il désigna pour la suivre les prélats dont la servilité, étant la plus décente, serait la moins suspecte au Pape ; l’archevêque de Tours, les évêques de Nantes et de Trêves partirent pour Savone. Là ils justifient la confiance de l’Empereur en surprenant celle du pontife. Ils se présentent comme s’ils voulaient consoler et fortifier la solitude de Pie VII, ils viennent la trahir. Ils la peuplent de fausses nouvelles, taisent tout ce qui fortifierait son courage, ne laissent pénétrer que ce qui le doit désespérer. Ils montrent Napoléon prêt aux dernières extrémités, les fidèles scandalisés de ce que le Pape semble sacrifier ses devoirs de pontife à ses griefs de prince et le souci des âmes à celui de ses domaines, le clergé résolu à chercher remède à ces maux dans un concile d’où sortira peut-être un schisme, et certainement une humiliation pour le Saint-Siège. Ils supplient Pie VII de mettre fin à tant de maux en cédant. Une justesse naturelle de l’esprit, un courage calme et l’oubli de soi inspiraient toujours à Pie VII par un premier mouvement les résolutions les plus utiles à l’Église ; mais l’humilité de sa nature, qui se déliait d’elle-même et ne se défiait pas des autres, se laissait aisément troubler par les objections. Quand elles rendaient pour lui le devoir incertain, il tombait dans un abîme de détresse, la crainte de faillir, quoi qu’il fît, l’accablait, et ce mal de la conscience ne se prolongeait pas sans abattre tout son être, atteindre sa santé même, et troubler presque sa raison. Il résista d’abord aux évêques, mais ils continuèrent à