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La fin du monde est déjà venue pour toute âme qui se laisse transporter par l’esprit dans le royaume du Christ.

Certes, les âmes de tous les hommes ont une existence éternelle, mais le péché les fait spirituellement mourir. L’âme cependant peut ressusciter à la vie éternelle par l’obéissance aux vrais principes chrétiens.

La résurrection chrétienne n’a rien à faire avec le corps ; c’est celle de l’âme qui échappe à l’amour du mal pour entrer dans la justice.

Toute guerre conduite avec des armes, soit de destruction matérielle, soit de colère, est contraire à l’esprit du Christ et ne peut avoir place dans son royaume.

Les épreuves de l’âme ne se bornent pas à ce monde, elles embrassent la vie future ; la justice et la miséricorde de Dieu peuvent donc se manifester même à ceux qui n’ont pas reçu en cette vie « le témoignage chrétien ».

La mort du corps animal n’est pas la porte du ciel ni celle de l’enfer. Celle-ci est ouverte ou fermée selon les actes accomplis. Le ciel et l’enfer sont des états d’âme. Le ciel est ouvert au repentir et à la justice. L’enfer est formé par la désobéissance à la loi de Dieu et la persistance dans le péché.

Ces pensées prises presque au hasard dans le petit livre de l’ancien Giles Avery donnent l’idée d’une assez haute spiritualité.

Il y a aussi sur le faux christianisme des hypocrites qui esquivent la croix que porta Jésus-Christ, sur l’inconséquence qui consiste à déployer une bannière qu’en réalité on ne suit pas, des pages d’un raisonnement très serré dans les Simples causeries sur la religion pratique du frère Lomas. Il dit à propos du spiritisme des Shakers : « Tous les problèmes des manifestations d’outre-tombe les ont préoccupés bien avant l’ère des tables tournantes et des esprits frappeurs. Ils sont sûrs de s’être entretenus avec des personnages antérieurs au déluge, aussi familièrement qu’avec leurs amis intimes. Et ils espèrent, en menant une vie sainte, mériter de se mettre en rapport avec les meilleurs. Au fait, ils sont eux-mêmes esprits, malgré le fardeau temporaire de l’enveloppe corporelle, puisqu’ils ont renoncé à ce qui est des sens, tandis que des milliers d’esprits dépouillés de leurs corps ne peuvent sans doute être heureux, faute de ce corps habitué à goûter certaines joies. »