longévité : « Quiconque vit comme nous vivons, a-t-il écrit, n’a pas le droit d’être malade avant soixante ans. » Et en effet les hôpitaux très bien organisés dans les diverses sociétés sont vides. Les Shakers se passent absolument de médecins.
L’ancien Frederick tenait à ce que tous les objets dont se servent les frères fussent fabriqués chez eux et par eux, question d’économie à part. J’ai rencontré le même esprit dans certains couvens catholiques du Canada, où il y a jusqu’à des sœurs cordonnières. Sous tous les rapports, Evans paraît avoir été un homme éclairé et judicieux, qui commenta sans relâche le grand précepte d’Ann Lee : « Que vos mains soient au travail et vos âmes consacrées à Dieu » ; la vie tout entière ainsi comprise n’est plus qu’un culte incessant. Tout en prêchant d’exemple avec zèle, il trouvait le temps d’écrire son livre sur le Communisme chez les Shakers qui se propose de démontrer comment les trois dispensations précédentes aboutirent à l’Eglise unie des croyans dans la seconde venue du Christ ; plus une autobiographie où sont relatées ses propres expériences ; une exposition de l’Apocalypse et de son influence sur le shakerisme ; des mémoires plus ou moins étendus sur la mère Ann et ses principaux compagnons. Comme la substance de quelques-uns de ces ouvrages se trouve dans l’étude très complète de Charles Nordhoff sur les sociétés communistes[1], je me borne, pour ne pas me répéter, à renvoyer mes lecteurs au numéro de la Revue où j’en ai rendu compte[2]. Frederick Evans, en dehors de son expérience personnelle, s’est inspiré des livres qui représentent pour ainsi dire l’évangile des Shakers, le Témoignage de la seconde venue du Christ et l’Aperçu sommaire de l’Eglise millénaire publié en 1823 par ordre du « ministère », avec une remarquable préface des frères Calvin Green et Seth J. Wells. On y trouve sur l’histoire, les principes, le gouvernement, la règle des Shakers et sur la vie de leur fondatrice d’abondans renseignemens que l’ancien Frederick Evans a rendus accessibles aux gens pressés. En union avec Antoinette Doolittle, il fonda aussi un journal, the Shaher qui paraît toujours, rédigé par la communauté.
En voici l’annonce :