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d’écurie. On ne respectait plus les droits que les indigènes tenaient de l’adat sur leurs terres labourables, et il n’était pas rare que toutes les terres d’une dessa fussent affectées à la plantation des cannes à sucre, tandis que les pauvres villageois étaient réduits à cultiver leur riz sur des terres que l’on exemptait de la culture forcée, parce qu’elles étaient trop éloignées de l’usine. Comme il était difficile d’appliquer le système de Van den Bosch dans les provinces où la possession individuelle du sol était en vigueur, on méconnut tout simplement le droit des occupans ; un régent, pour mettre fin à la possession individuelle, ne trouva rien de mieux que de brûler les registres qui faisaient foi des droits d’occupation. Rien n’était donc plus respecté, et l’on foulait aux pieds les usages et coutumes indigènes qui, dans la pensée de Van den Bosch, devaient servir de base à son système.

Pendant quelques années, les résultats furent brillans pour la mère patrie, et l’or affina dans les caisses de l’État. Aussi Van den Bosch, à son retour des Indes, fut-il désigné pour le poste de ministre des colonies, qu’il occupa jusqu’en 1840. Son système d’administration fut poursuivi à Java par ses successeurs Baud, de Eerens et Merkus, à qui le ministre des colonies laissa d’ailleurs fort peu de liberté d’action. Tout était subordonné aux nécessités du moment et aux besoins d’argent de plus en plus pressans. Quand Baud annonçait qu’il pourrait envoyer à peine dix millions de boni. Van den Bosch lui donnait ordre de se mettre on mesure de pouvoir lui envoyer le double. Les gouverneurs généraux n’étaient plus que des instrumens entre les mains de Van den Bosch, qui ne leur épargnait pas l’expression de son mécontentement lorsqu’ils n’agissaient pas selon ses vues, c’est-à-dire lorsqu’ils ne travaillaient pas, avant tout, à la constante augmentation du boni.

Le système de culture eut d’heureux résultats dans les provinces orientales, où les populations en retirèrent un grand bien-être, en s’initiant à d’autres travaux que la culture du riz : c’est que, dans ces provinces, le sol est rémunérateur, et que les cultures introduites procuraient de beaux salaires aux indigènes. Toutefois, on peut se demander, avec un économiste de la valeur de M. van der Lith, si le travail libre et l’industrie privée n’eussent pas produit les mêmes résultats. Les effets de la nouvelle organisation ne furent pas les mêmes dans d’autres parties de l’île ; et c’est ce qui fait ressortir le vice de la culture forcée, considérée