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c’est qu’on a vu des directeurs choisis parmi les frères du gouverneur.

C’est dans les rouages de l’administration locale, mieux encore que dans ceux de l’administration centrale, que se révèle dans toute son ingéniosité le mécanisme au moyen duquel un très petit nombre de fonctionnaires gouverne la population la plus dense de l’univers. L’île de Java est divisée en vingt-deux provinces à la tête desquelles sont placés des fonctionnaires européens qui sont aussi omnipotens dans leurs provinces que le gouverneur général dans la colonie. Mais, de même que les chefs de département n’ont que le titre de directeur, de même ces gouverneurs de province ou ces préfets s’appellent modestement des résidens, et leurs provinces, qui comptent l’une dans l’autre un million d’âmes, s’appellent des résidences. Le résident, nommé par le gouverneur général, est, dans sa province, le représentant du gouvernement ; à ce titre, il est le chef de l’administration civile, des finances, de la justice, de la police, et il a le droit de porter le payong ou parasol d’or, qui, aux yeux des Javanais, symbolise le rang suprême. Il est assisté par des sous-résidens qui portent le titre d’assistant-résident, et ceux-ci à leur tour ont sous leurs ordres des contrôleurs, qui veillent à l’exécution des règlemens relatifs aux indigènes, visitent périodiquement les villages de leur district, écoutent les plaintes, surveillent les plantations du gouvernement, et sont comme le lien qui relie l’administration indigène à l’administration européenne.

Java est administrée par une hiérarchie de fonctionnaires qui constituent un corps d’élite. Formés à l’École de Delft ou à l’Université de Leyde, qui sont les pépinières des administrateurs coloniaux destinés au service civil, ils ont tous subi, soit en Hollande, soit à Batavia, un examen spécial dont le programme est arrêté par le ministre des colonies. Ce programme varie suivant les fonctions auxquelles on se prépare. Pour les postes les plus élevés, il faut passer par le « grand examen des fonctionnaires » (groot ambtenaars examen), qui porte sur des matières essentiellement techniques, et comprend principalement l’histoire, la géographie et l’ethnographie des Indes Néerlandaises, les lois civiles et religieuses, les institutions politiques et les coutumes des indigènes, la langue malaise et la langue javanaise. L’examen comporte deux épreuves successives, que séparent généralement