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JAVA
ET LE
SYSTÈME COLONIAL DES HOLLANDAIS

Au voyageur qui revient de Java, les Hollandais ne manquent pas de demander ce qui l’a le plus frappé dans leur magnifique colonie. Et l’on est tenté de leur répondre que c’est de les y voir, et de les y voir rester. Ce petit peuple, dont le pays n’est qu’un point sur la carte de l’Europe, domine depuis trois siècles, avec une admirable ténacité, sur ce vaste empire colonial de l’Insulinde, qui compte trente-cinq millions d’habitans, qui comprend des îles grandes comme la France, des îles au milieu desquelles l’Angleterre ne serait plus qu’un îlot perdu dans une mer de forêts. Java, Sumatra, les trois quarts de Bornéo, les Moluques, les Célèbes, Bali, Lombok, Sumbava, Florès, Timor, voilà ce que les Hollandais possèdent encore de leur immense empire des Indes Orientales qui s’étendit autrefois jusqu’au Bengale et au cap de Bonne-Espérance. Java, cette reine de l’archipel, leur fut ravie en 1811 ; mais les Anglais, après une domination éphémère, la leur restituèrent en 1816, sans en connaître la valeur. Ils ignoraient qu’ils abandonnaient la plus belle colonie du monde. N’est-ce pas un des leurs, Adam Smith, qui a dit que cette île, par la fertilité de son sol, par la grande étendue de ses côtes, par le nombre de ses rivières navigables, est la contrée la mieux placée pour le siège d’un grand commerce extérieur et pour l’établissement d’un grand nombre de manufactures ? L’illustre économiste savait sans doute que le commerce a existé dans l’archipel