indique, en termes généraux, ce que doit être à ses yeux le département dont il les charge ; et c’est alors à eux, sous leur seule responsabilité, de savoir l’organiser. Les récentes Universités américaines ont toutes adopté ce système ; les anciennes sont en train de se l’approprier ; et puisque enfin c’est de nous, et non pas de l’Allemagne qu’on a cru devoir l’imiter, pourquoi ne le reprendrions-nous pas[1] ?
L’unique inconvénient qu’il présente c’est de paraître d’abord moins propre à l’enseignement de la « littérature » qu’à l’enseignement de la « philologie ». On conçoit en effet sans peine qu’un seul homme, tout en se faisant du provençal ou du portugais une spécialité, puisse avoir néanmoins une égale compétence dans toutes les parties de la « philologie romane ». Il y en a sans doute moins en Amérique, et en France même, ou ailleurs, qui connaissent également et à fond les trois grandes littératures romanes, disons les quatre : la provençale, la française, l’italienne et l’espagnole. Mais on a prévu le danger à Johns Hopkins, et le chef du département de Romance languages, M. A. Marshall Elliott, a posé en principe qu’il y aurait trois grandes divisions dans son département : la première où l’on ne s’occuperait que de « philologie », la seconde où ne l’on s’occuperait que de « littérature », et la troisième où l’on étudierait « les rapports de la littérature et de la philologie » : a purely linguistic, a purely literary, and a composite group wich is intended to unité the first two ». Si l’on a donc un peu penché jusqu’à présent du côté de la « philologie, » on n’a pas cependant tout à fait négligé la littérature. Ma présence ici en est la preuve. Et à ce propos, je m’aperçois, quoiqu’un peu tard, que je n’ai pas dit encore dans quelles conditions je suis venu faire cette « campagne ». Il faut pourtant les préciser, quand ce ne serait, premièrement, que pour l’apprendre à ceux de nos journalistes qui, — toujours prêts à renseigner le public sur ce qu’ils ignorent profondément, — m’ont représenté, courant de ville en ville, sous la conduite d’un impresario, à la façon d’une actrice en tournée, ce qui est vraiment trop flatteur pour moi ; et puis, pour que l’on entende bien
- ↑ On remarquera qu’au Collège de France et à l’Ecole normale supérieure on n’a pas commis la même maladresse ; et un professeur qui voudrait y traiter de la littérature française du XVIIe siècle en général, n’en serait point empêché par cette considération que Pascal appartient à un de ses collègues et Racine à un autre. A la Sorbonne, il lui resterait Chapelain et Scarron, l’auteur de la Pucelle et celui du Virgile travesti.