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LE DÉSASTRE


CINQUIÈME PARTIE[1]



Au Ban Saint-Martin, dans la petite maison de Mme Guimbail, Du Breuil, ce soir-là, songeait. Une bougie pauvre brûlait sur la cheminée. La glace était poudreuse, la pièce en désordre ; la feuille du calendrier s’attardait au 20 septembre. Tout avait un air de négligence et d’abandon.

— Peut-on entrer ? dit une voix.

— Vous, Restaud ! Vous ne dormez donc pas ?

— Impossible.

Un pli creusait son front, rentrait sa bouche. Il fit quelques pas à travers la chambre, s’arrêta devant le calendrier, et s’efforçant de sourire :

— Pas en avance !

— Je n’ai plus le courage de compter les jours. — Et Du Breuil regarda les éphémérides : — 20 septembre, Anniversaire de l’Alma ! Une belle victoire !

Détachant un par un les feuillets jusqu’à ce qu’un 23 apparût, bien neuf, sur le bloc de papier frais, il lança, d’un coup de pouce, le chiffon froissé derrière un meuble. Restaud regardait faire, avec une attention grave. Du Breuil chercha du tabac, découvrit deux cigares ; Restaud refusa :

  1. Voyez la Revue des 1er et 15 septembre et 1er et 15 octobre.