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suppléer au concours de la Mission Intérieure : M. le pasteur Axenfeld citait avec une légitime fierté, dans un congrès social de l’année 1891, l’exemple de la commune de Godesberg, où la maison des œuvres (Vereinshaus) et l’Auberge hospitalière (Herberge zur Heimat) sont la propriété de la paroisse.

Mais provisoirement ces exemples ne peuvent être qu’isolés ; et les Eglises ont besoin de la Mission Intérieure, plus que celle-ci n’a besoin des Eglises. Wichern écrivait en 1848 : « Les amis de l’Église ont à l’endroit de la Mission des attitudes très diverses. Les uns la bénissent comme une amie, comme une servante des communautés ; les autres la considèrent avec méfiance, comme si elle était pour l’Eglise un élément de destruction ; ils inclineraient même à lui faire la guerre. » Les attaques d’Adolphe Fabri, pasteur de Hanovre, et un roman caricatural intitulé les Chevaliers de l’Esprit, traduisirent les rancunes et les suspicions de l’Église contre la jeune Mission Intérieure. Aujourd’hui ces suspicions et ces rancunes sont presque complètement dissipées : on fait des collectes, en beaucoup de temples, pour les besoins de la Mission ; le pasteur préposé aux œuvres (Vereinsgcistliche) est, dans chaque district, installé par le consistoire ; et les autorités ecclésiastiques ont encouragé la création de cours destinés aux pasteurs, et concernant les diverses matières dont s’occupe la Mission Intérieure. Avant de fonder en Bavière une institution semblable à la Mission Intérieure de Wichern, le luthérien Löhe écrivait : « Avec ce courant de la Mission Intérieure, nous ne voulons pas faire s’engouffrer dans l’Église le flot des bonnes œuvres, nous voulons nous tenir aux portes et frayer à ce flot, si possible, une route confessionnelle. « On pressent, sous ce langage obscur, les sourdes et tenaces résistances qu’oppose le luthéranisme archaïque chaque fois qu’on veut ajouter quelque nouveau labeur à cette double mission dans laquelle il emprisonnait le pasteur : enseignement de la parole divine et collation des sacremens. Mais c’est en vain qu’à l’encontre du flot des bonnes œuvres les fidèles du vieux luthéranisme s’essaieraient à dresser des digues : le flot pénètre, malgré tout ; il franchit et il déborde ; et dans la lutte qui s’est engagée entre l’esprit de Jésus et l’esprit de Luther, ce n’est point au second, adversaire des œuvres, que le protestantisme allemand abandonnera la victoire. Rodolphe Todt, l’initiateur du mouvement évangélique social, dénonçait il y a vingt ans l’indifférence du clergé pour les bonnes œuvres, et il déclarait que la Mission