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absolu des naissances du Royaume-Uni n’a pas encore diminué, on n’est même pas complètement exact : si l’on consulte, en effet, les tables du Statistical Abstract pour les années 1881 à 1895, on trouve que dans les cinq premières années de cette période le nombre total des naissances dans le Royaume-Uni fut de 5 697 930 et que dans les cinq années les plus récentes, 1891 à 1895, il n’atteignit que 5 697 664, étant ainsi un peu moindre. Nous ne nions pas, certes, que la différence soit légère et, au point de vue absolu, insignifiante ; mais, au point de vue relatif, elle a, au contraire, la signification la plus précise ; car, dans la première période, la population moyenne du Royaume-Uni était seulement de 35 466 000 âmes, et dans la dernière, elle s’élevait à 38 450 000 ; malgré ces trois millions d’habitans de plus, le nombre absolu des naissances a très légèrement fléchi ; d’où il résulte que le taux de la natalité, c’est-à-dire la relation des naissances au nombre des habitans s’est considérablement réduit. Cette direction étant donnée au mouvement de la population en Angleterre, il est infiniment probable qu’elle s’accentuera et l’on doit s’attendre à voir le chiffre absolu des naissances se réduire graduellement dans un avenir prochain.

Toute la race anglo-saxonne en est là ; c’est par un vieux préjugé qu’on considère cette race comme très prolifique ; elle l’a été, elle cesse de l’être. On n’a pas de statistique pour l’ensemble de la natalité aux États-Unis d’Amérique ; M. Bodio a pu se procurer seulement les relevés concernant les États de la Nouvelle-Angleterre, c’est-à-dire les plus anciens, les plus assis, le Massachusetts, le Connecticut et Rhode Island. Le premier de ces États est très important ; il compte 2 millions et demi d’habitans ; les deux autres sont sensiblement plus petits, comptant le second 774 000 âmes et le dernier 363 000 ; le groupe entier comprend ainsi plus de 3 600 000 âmes, ce qui offre déjà une assez large base d’observation. Eh bien, la natalité n’est que de 27 pour 1 000 dans le Massachusetts, 24 dans le Connecticut et 25 dans Rhode Island, environ 26 pour l’ensemble du groupe, soit 12 pour 1 000 de moins que dans le Royaume-Uni ; le taux de natalité de ce groupe de la Nouvelle-Angleterre est encore supérieur au taux actuel chez nous, lequel oscille entre 22 et demi et 23 ; mais il ne dépasse pas ce qu’était le taux de la natalité française dans la période 1874-1876, et il se montre sensiblement égal au taux de notre natalité sous le second Empire. En ce qui concerne le