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également renoncer au plaisir qu’il s’était promis de revoir l’Italie et de repasser par la Provence pour y visiter Peiresc. Saisi par la politique, il se voyait, en effet, obligé de subordonner tous ses projets à ceux d’une cour toujours lente à se décider et dont les incertitudes étaient encore augmentées à ce moment par la gravité des résolutions qu’elle avait à prendre. Buckingham ayant été assassiné (23 août 1628) à Portsmouth, alors qu’il se disposait à s’embarquer pour la Rochelle, le roi d’Espagne avait pu croire que sa mort entraînerait un changement dans la politique extérieure de l’Angleterre. Mais celle-ci, épuisée par les dépenses énormes de ses flottes, venait d’essuyer successivement des défaites désastreuses dans la lutte qu’elle soutenait à la fois contre la France et contre l’Espagne. Ayant donc un intérêt positif à traiter avec l’une ou avec l’autre, elle les faisait en même temps pressentir toutes deux sur les conditions qui lui seraient proposées, avant de se décider pour le parti qui lui paraîtrait le plus avantageux. De leur côté, la France et l’Espagne n’étaient pas moins intéressées à la conclusion de la paix. Richelieu, devenu maître absolu de la direction des affaires, ne voyait plus aucun profit à poursuivre la guerre contre l’Angleterre, et, préoccupé surtout d’affaiblir la maison d’Autriche, il s’appliquait à réunir toutes ses forces pour l’écraser. Quant à l’Espagne, dont la déchéance et la détresse financière s’accusaient de plus en plus, elle aurait trouvé un avantage évident à s’assurer sinon l’appui, du moins la neutralité de l’Angleterre, dans la lutte déjà longue et toujours difficile qu’elle soutenait contre les Hollandais révoltés. D’autre part, l’hostilité déclarée entre Charles 1er et le Parlement prenait avec les années une tournure plus violente, et dans ces conditions, le roi d’Angleterre, sur les conseils du secrétaire d’Etat sir Francis Cottington et du grand trésorier Richard Weston, favorables à une alliance avec l’Espagne, comprenait la nécessité de se débarrasser des complications extérieures.

Dès les premiers jours de 1629, l’arrivée à Madrid de l’abbé Scaglia, qui venait d’y être nommé ambassadeur extraordinaire du duc de Savoie, mettait la cour d’Espagne en demeure de se prononcer. Ce diplomate, en effet, ainsi qu’il l’avait fait peu de temps auparavant auprès de la Gouvernante des Flandres, en repassant par Bruxelles à son retour de Londres, pressait maintenant Olivarès de traiter avec l’Angleterre. Rubens, à raison de la connaissance parfaite qu’il avait de l’état des négociations