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L’EUROPE ET LE DIRECTOIRE

III.[1]
LA SECONDE COALITION. — LA RÉPUBLIQUE NAPOLITAINE


I

C’est à Naples que l’on se sentait le plus menacé ; c’est là que l’on avait le plus peur, c’est là que se produisit, à la nouvelle du désastre d’Aboukir, la première explosion de haine[2]. Entre les complots qui le menaçaient à l’intérieur, les Français qui le menaçaient sur la frontière, animaient et protégeaient les conspirateurs, ce gouvernement était réduit à s’armer et à sévir en tremblant. Le ministre favori, Acton, tout anglais, avait été congédié ; mais il continuait démener les affaires dans la coulisse. La principale était de ménager Nelson et sa flotte. Contrainte de refuser aux Anglais le ravitaillement qu’ils demandaient, la cour de Naples leur avait fait entendre que tous ses vœux, toutes ses passions étaient avec eux. Cette cour avait auprès de Nelson le plus persuasif des agens, c’était la femme de l’ambassadeur d’Angleterre, Emma Hamilton, naguère merveilleusement belle,

  1. Voyez la Revue du 15 juillet et du 15 août.
  2. Franchetti, Storia d’Italia. — Helfert, Königin Carolina. — Hüffer, Rostatter Congress, t. II, ch. V. — Sybel, Oncken, Botta, Colletta. — Cresceri, Memorie segrete. — Boulay de la Meurthe, Quelques lettres de Marie-Caroline. — Pingaud, Un agent secret. — Mémoires de Thiébault, Pepe, La Revellière. — Publications de Palumbo, Gagnière, Vivenot, Hailleu. — Nelson, Despatches and Letters, I. III, etc.