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pulser quelques milliers de dossiers d’instituteurs recommandés à notre sollicitude et à nos récompenses : nous avons rencontré beaucoup de serviteurs modestes et instruits. Ce n’étaient pas ceux qui brillaient aux premiers rangs des distinctions honorifiques. En revanche, quelques autres qui avaient réuni sur leur personne jusqu’à cinquante médailles de tout ordre nous paraissaient les devoir à des services fort étrangers aux travaux agronomiques et même à l’enseignement.

Il ne faut pas s’étonner que, devant cette impuissance flagrante, la Société des Agriculteurs ait saisi avec avidité l’occasion de remplir une des conditions les plus importantes (de sa fondation. Son patronage déjà si précieux pour l’enseignement secondaire de l’Institut de Beauvais, elle l’a étendu dès l’année dernière sur l’Association bretonne et sur l’Institut de Ploërmel. À chacune de ces compagnies elle a donné, sur le rapport motivé et chaleureux de M. Blanchemain, à l’une, des médailles, à l’autre, un diplôme qui les signale à la reconnaissance publique. L’assemblée générale a de plus émis le vœu que, par les soins de sa 10e section (Enseignement), il soit rédigé un programme général, variable suivant les contrées et les circonstances, et créé deux diplômes, l’un pour les instituteurs, l’autre pour les professeurs pratiques qui auront gratuitement apporté à l’instituteur l’autorité de leur science culturale. Ce programme a été rédigé, et cette année nous avons vu que le nombre des élèves qui se sont présentés à l’examen a dépassé quatre mille. Il n’est guère douteux que l’an prochain ce chiffre sera doublé, car ce ne sont pas seulement les cinq départemens de la Bretagne qui apportent désormais leurs contingens. La Sarthe, la Mayenne, la Manche, se sentent devancés et veulent se mêler au courant. Les bonnes intentions du pouvoir central, nous en sommes assuré, le favorisent sans se préoccuper du lieu où il a pris sa source.

Nous ne saurions, sans dépasser les limites d’un écrit qui deviendrait alors une sorte de traité pédagogique, entrer dans l’exposé de ce programme et dans le détail de ce mode d’enseignement. L’article essentiel, celui en qui reposent son efficacité et son avenir, c’est l’union de la théorie et de la pratique enseignées par des maîtres qui se complètent et se contrôlent, en qui le père de famille peut avoir confiance. C’est la pierre angulaire de l’édifice qui peut d’ailleurs affecter les formes les plus variées. On nous en voudrait toutefois si, par crainte d’offenser la modestie des humbles, nous nous abstenions de citer ici le nom du frère Abel, de l’Institut de Ploërmel. C’est lui qui a tout fait, même d’attirer à son œuvre le patronage de l’Association bretonne et la haute protection de la Société des Agriculteurs de France. L’exem-