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qui n’en possède au moins un. Au besoin on ira le chercher à la ferme, dans la plaine. Il sera fier du choix qu’on aura fait de lui, il s’efforcera de justifier la confiance qu’il a su inspirer et de mériter le diplôme où l’Association bretonne aura fait graver son nom, en attendant que la Société des Agriculteurs de France lui envoie une de ses médailles qui cette fois sera placée à bon escient, et que le ministre lui-même lui confère dans ses ordres — majeurs ou mineurs — quelque grade que les services électoraux n’auront pas souillé par avance.

Est-ce un rêve, ce système de pédagogie agricole dont nous venons d’esquisser seulement la structure ? Non, puisqu’il existe et fonctionne. Hormis le ministre et ses « ordres », il réunit tous les organes que nous avons énumérés. Il y a quatre ans qu’il est mis en pratique, et ses bons effets ne se sont pas fait attendre. Le département d’Ille-et-Vilaine, où il a pris naissance, voyait, en 1892, 26 de ses écoles rurales présenter 500 de leurs élèves au concours-examen qui est dans le système le moyen de contrôle le plus ingénieux et le plus sûr : 262 diplômes leur furent décernés. À lui seul, l’arrondissement de Ploërmel présentait 159 élèves appartenant à 9 écoles : 115 diplômes leur étaient attribués. Ce premier essai était précieux surtout par les indications qu’il fournit pour améliorer le programme.

En 1893, aux deux Sociétés d’agriculture de Rennes et de Ploërmel celle de l’arrondissement de Brest vint s’adjoindre, et le résultat de cette seconde campagne fut remarquable : 45 écoles libres présentèrent 888 élèves, et à ces « trois huit » il fut distribué 725 diplômes ! Qui serait soucieux de contrôler les garanties et les sérieuses conditions de ces concours-examens, nous le renverrions aux programmes, aux cahiers-archives et aux comptes rendus des deux dernières sessions de la Société des Agriculteurs de France. Ces documens démontrent que ces concours sont autrement sérieux que les concours officiels et commandent à ceux qui les subissent une instruction plus large et plus solide.


VII

L’épreuve était décisive. L’Association bretonne, sous la présidence de M. le vicomte de Lorgeril, crut le moment bon pour intervenir : elle couvrit de son patronage les concours organisés jusque-là par l’Institut de Ploërmel et appela toute la Bretagne à pratiquer le nouveau système. Par ses soins et sous sa haute direction l’examen-concours de 1894 fut organisé, et voici ce qu’il produisit : cinq sociétés départementales ou