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régionales. Les règlemens sont sévères, mais il n’est pas démontré qu’ils soient très rigoureusement appliqués.

Depuis lors l’École régionale de la Saulsaie a été remplacée par celle de Montpellier qui est plus particulièrement consacrée à l’enseignement de la viticulture. Il a été créé en outre trois autres écoles nationales : l’École d’horticulture dans le potager du roi à Versailles ; l’École de Mamirolle, dans le Doubs, pour l’industrie laitière ; et enfin à Douai, l’École dite des « industries agricoles », c’est-à-dire de la sucrerie, de la brasserie, de la distillerie, de la féculerie et de leurs branches annexes.

L’enseignement primaire est plus étendu. Il existe aujourd’hui 40 écoles pratiques, 16 fermes-écoles ; une école de Bergerie (Rambouillet)[1], une magnanerie-école, et 9 écoles-fruitières ; en tout 66 établissemens spéciaux. Le nombre des écoles pratiques tend chaque année à augmenter. La Société des Agriculteurs de France, qui ne compte pas moins de 12 000 membres titulaires et plus de 500 sociétés et syndicats affiliés, renouvelle sans cesse le vœu qu’il soit créé des écoles pratiques dans les départemens qui n’en possèdent pas encore, et que leur nombre soit augmenté dans ceux où le besoin s’en fait sentir. Je ne crois pas qu’il soit nécessaire d’exposer ici combien ces fondations sont désirables. La. France est avant tout un pays agricole. L’agriculture souffre de causes diverses : de la concurrence étrangère, des vingt-cinq pour cent d’impôts qu’elle paie au trésor, de l’insuffisance des capitaux dont elle dispose, des lois militaires et aussi, il faut l’avouer, de l’ignorance du paysan non moins que de l’éloignement trop fréquent du propriétaire. La défaillance du propriétaire et l’ignorance du paysan deviennent à leur tour des causes de décadence. Il semble donc que le retour aux champs et l’éducation agricole soient les remèdes les plus impérieux à opposer au dépeuplement et à l’appauvrissement des campagnes.

Nul ne le conteste, et de très bons esprits se sont appliqués à le mettre en évidence[2]. Ajoutons que, s’il a été beaucoup fait pour l’agriculture en ces derniers temps et en particulier pour l’enseignement, il reste bien plus à faire. Nous n’en sommes encore qu’au début.

Aux écoles nationales que nous avons citées, l’État a ajouté des institutions diverses qui ne sont pas des écoles et qui sont pourtant des lieux et moyens d’enseignement. Cinq chaires de chimie agricole

  1. Rambouillet est une fondation du règne de Louis XVI.
  2. Le Retour aux champs, par le P. J. Burnichon. À noter également l’Enseignement agricole et les classes dirigeantes, par M. Constant Furne.