secrets de Berlin en 1796, pour enlever le vote de l’Autriche ; sur l’Autriche, gagnée par les articles secrets de Campo-Formio, pour enlever le vote de la Prusse ; sur la Prusse et l’Autriche pour forcer le vote de la Diète ; sur les petits États, gagnés par les promesses de sécularisation, pour opposer un fait accompli à la Prusse et à l’Autriche. En s’expliquant, on s’aperçut que, de toutes parts, on cherchait à s’en imposer, et que personne, au fond, n’était d’accord sur rien. On batailla indéfiniment sur les têtes de pont. Treilhard, nommé au Directoire, quitta Rastadt. Il y fut remplacé par Jean Debry, le farouche « tyrannicide » de 1792, futur préfet, et qui passait pour un négociateur à la Popilius. On lui adjoignit, en juillet, Roberjot, républicain capable, qui s’était débrouillé aux affaires en Hollande, à Hambourg, dans les pays du Rhin. Mais les choses n’en allèrent ni plus droit ni plus vite. Repoussé à Vienne, éconduit à Berlin, traîné dévotes en votes et de protocole en protocole à Rastadt, le Directoire faisait son inventaire : — L’Angleterre demeure irréconciliable et redevient menaçante à mesure que s’éloigne le péril de la descente. Que reste-t-il de la puissante machine de guerre montée contre elle ? Nos alliés sont aussi effrayés que nos ennemis de notre propagande et de nos invasions, s’écrie Talleyrand. Mais, ajoutait-il, « sommes-nous sûrs d’avoir des alliés ? En avons-nous qui nous soient utiles ? Le Piémont, je n’en parle pas... L’Espagne, nous avons vu jusqu’à quel point son alliance est froide, oisive, improfitable. Les républiques que nous avons créées, à l’exception de celle des Bataves dont la coopération maritime peut nous être de quelque utilité, sont dans un état d’enfance et d’agitation qui fait qu’elles nous sont à charge, et l’espèce de jalousie qui se manifeste déjà parmi elles, n’est point un garant que nous en retirions jamais facilement tous les avantages que nous aurions droit d’en attendre[1]. »
Faute d’Europe à coaliser contre l’Angleterre, « cette âme de toutes les coalitions », force en était de revenir aux diversions, aux agens secrets, à la révolution d’Irlande, à l’expédition d’Égypte. Du 1er au 4 juillet, le Directoire reçut des nouvelles de Bonaparte : le 13 juin, il avait pris Malte, et il faisait voile sur Alexandrie ([2]. Le Directoire déclara aussitôt que Malte était de bonne prise et qu’il la garderait ; il garderait aussi, du même coup, les îles de l’Adriatique, et, par voie de conséquence, l’Egypte, qui n’était pas