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L’EUROPE ET LE DIRECTOIRE

II[1]
LES RÉPUBLIQUES TRIBUTAIRES. — LA MISSION DE SIEYÈS A BERLIN[2]


I

Bonaparte allait partir pour Toulon, lorsque, le 23 avril 1798, on reçut la nouvelle de l’outrage fait, à Vienne, au drapeau français et à l’ambassadeur de la République, Bernadotte. Les chevaux de poste furent aussitôt décommandés. Le Directoire retint Bonaparte parce que ce général serait nécessaire aux armées, si la guerre éclatait, parce que sa présence surtout effraierait les Allemands et pourrait conjurer la guerre, à laquelle on n’était pas prêt. Ce calcul réussit, et il suffit d’annoncer l’envoi de Bonaparte à Rastadt pour décider les Autrichiens à négocier. Mais la négociation assurée, le Directoire s’empressa d’en dégager Bonaparte, que son retour à Rastadt aurait fait de nouveau, disait Barras, « l’arbitre des destinées de la République. » Bonaparte n’insista pas. Les motifs qui l’avaient décidé, deux mois auparavant, à quitter Paris, le décidèrent encore. C’était l’impossibilité

  1. Voyez la Revue du 1er juillet.
  2. Archives nationales ; archives des Affaires étrangères. — Écrits historiques de Hermann Hüffer (Der Raslutter Congress), Sybel, Ranke, Fournier, Oncken, F. Masson, Bianchi, Franchetti, Botta, Jung, Ludovic Sciout, Legrand, La Sicotière, — Mémoires et correspondances de Napoléon, Talleyrand, Miot, Thiébault, La Hure ; des envoyés prussiens à Paris ; de Thibaudeau, Rœderer, Ségur, Bourrienne, Mme de Rémusat, Barras, La Revellière, Hyde de Neuville, etc.