société, à l’indépendance promise en 1789, à la guerre apportée par la Révolution, succéda un quatrième régime qui empruntait quelque chose à chacun des trois premiers.
Dans la France consulaire et déjà impériale où nul ne peut parler, écrire, enseigner, se réunir à d’autres, sinon sous la censure de l’État, l’Église, par le droit qui lui est reconnu d’ouvrir ses temples, de monter dans ses chaires, par les honneurs et le rang accordés à ses chefs, obtient autant de privilèges. Le nouveau maître est un protecteur comme les anciens rois : aussi revendique-t-il toutes leurs prérogatives sur l’indépendance du clergé et l’autorité des papes. Pourtant le catholicisme n’est pas redevenu religion d’État. Les cultes protestant et juif sont traités comme lui, et l’incrédulité n’expose personne à la persécution ni même à la défaveur. En cela les doctrines de 1789 sont respectées. Enfin tout rétablissement de la propriété ecclésiastique est défendu, toute fondation de piété ou de bienfaisance est interdite même aux laïques, les ordres religieux demeurent dissous et les droits de haute police permettent au gouvernement de suspendre à son gré tous les avantages restitués à l’Église. Par là survit la politique révolutionnaire.
Ces contradictions étaient dans la volonté à laquelle personne ne résistait, mais qui se combattait elle-même. Napoléon comprenait que la foi est une école d’obéissance pour les sujets et de courage pour les soldats, il reconnaissait en elle la seule force morale qui eût survécu à la mort violente de l’ancienne société, il était satisfait jusque dans son art d’autorité par le génie unitaire du catholicisme. C’est pourquoi il avait rendu au catholicisme une situation privilégiée. Mais il savait que l’irréligion gardait dans le parti jacobin une armée fanatique, il discernait que la masse des Français voulait le retour à la religion sans le retour à la contrainte religieuse, lui-même tenait à ce que l’on vît dans sa conduite une inspiration de gouvernement et non de piété. C’est pourquoi, après avoir dépouillé les Français de toute indépendance envers lui, il leur laissa tout entière leur indépendance envers Dieu. Même réduite à sa force morale de propagande, l’Église pouvait devenir trop puissante. Si elle enseigne la soumission elle en enseigne les limites ; elle est une école de révolte contre les ordres qui blessent la conscience. À la pensée qu’il pût être un jour désobéi. Napoléon se croyait déjà bravé, et contre ces chances de rébellion, il se défendit d’avance. Armes de l’an-