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des catholiques, car, par ce fait, la voie était ouverte pour l’apaisement des querelles. Or, ce qui a suivi a plus fait pour accroître que pour amoindrir ces espérances. En effet, on s’est appliqué en partie, et on s’applique encore en partie à adoucir ces lois et, bien qu’on n’ait pas obtenu tout ce que les catholiques désirent avec raison conquérir, on a pourtant acquis diverses choses, grâce auxquelles leur condition devient meilleure.


Énumérant les résultats déjà acquis, le Pape continuait :


On a pourvu au gouvernement de plusieurs diocèses dont on a fait cesser le long veuvage. Un grand nombre de paroisses ont vu leurs curés remis à leur tête ; les obstacles qui empêchaient l’exercice du pouvoir épiscopal en ce qui concerne l’application de la discipline et le prononcé des jugemens ont été écartés. Depuis un an déjà, nous avons vu rétablir quatre séminaires ecclésiastiques, et prochainement il sera possible d’en ériger un à Limbourg et un encore à Osnabrück… Enfin, quelques-uns des ordres religieux étant rappelés, l’action chrétienne se répandra de plus en plus au loin, et beaucoup pourront sans danger tendre à la perfection absolue des vertus chrétiennes…

Aussi, vénérable Frère, vous comprenez facilement que de la sorte il y a ou bien abrogation ou bien dérogation de ces lois cruelles, en sorte qu’elles paraissent désormais pouvoir être tolérées avec moins de peine. D’autre part, la conscience de notre charge apostolique et la prudence même, en ce qui concerne les affaires à traiter, nous avertissent de préférer le bien présent et certain à l’attente d’un espoir douteux et incertain. Car, quelque direction que le temps amène dans le cours des affaires allemandes, c’est certainement une grande chose et un grand profit pour l’Eglise que les évêques puissent, en vertu de leur pouvoir sacré, diriger le clergé et le peuple ; que la multitude catholique puisse recevoir de ses pasteurs les préceptes de la foi et des mœurs ; que les clercs du sanctuaire puissent être, en vue du sacerdoce, saintement élevés dans les séminaires ; que les membres de certains ordres religieux puissent, au grand jour et devant les yeux du peuple des villes, travailler de toutes leurs forces au plein honneur des vertus évangéliques.


Quant au droit revendiqué par l’État de recevoir notification des noms des prêtres désignés pour occuper des cures, le Pape rappelait à Mgr Krementz que, depuis sept ans déjà, et en dernier lieu en 1880, il avait déclaré ne pas vouloir, si cela paraissait essentiel, refuser les demandes de la Prusse. La révision des lois de Mai ayant été entreprise, il lui semblait juste de tenir sa promesse.


En conséquence, continuait Léon XIII, considérant surtout les demandes de l’évêque de Fulda, Mgr Kopp, qu’a approuvées la Chambre des seigneurs, comme la loi dont nous parlons apporte à beaucoup d’inconvéniens un remède qui n’est ni fictif, ni certainement à dédaigner, comme elle ouvre la voie à la paix poursuivie depuis si longtemps avec une si grande peine, nous