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qu’entraînerait pour l’Eglise le maintien du droit d’intervention de l’Etat dans les nominations ecclésiastiques, concédé en principe, dès l’année précédente, par le Vatican à la diplomatie prussienne, et introduit, malgré les efforts du Saint-Siège, dans le texte du projet de loi qui, après avoir passé à la Chambre des seigneurs, grâce à l’intervention personnelle du chancelier de l’Empire, allait être débattu à la Chambre des députés.

Ces doléances, échos respectueux des inquiétudes amères que manifestaient les journaux catholiques sur les bords du Rhin, comme en Westphalie et en Silésie, ne troublaient pas la confiance sereine qu’avaient procurée au Saint-Père les hommages rendus à sa sagesse par le prince de Bismarck. De son côté, Mgr Galimberti traitait volontiers de brouillons sans valeur les personnages parlementaires qui s’efforçaient de détourner la cour de Rome de concessions qualifiées par eux de funestes. En conséquence, une lettre latine avait été adressée, le 7 avril, à l’archevêque de Cologne pour l’engager à user de son influence en faveur de la nouvelle loi. D’autre part, le Pape avait fait informer M. Windthorst et le baron de Frankenstein de sa volonté de passer outre à leurs observations sur les dangers de l’article de la nouvelle loi relatif au droit de veto. Inquiets et mécontens, les principaux députés du Centre avaient tenu, le 12 avril, une réunion pour examiner la conduite à tenir dans ces graves conjonctures, et ils avaient finalement décidé de se soumettre en votant la nouvelle loi.

Le Pape avait été encouragé à persévérer dans sa politique conciliante vis-à-vis de l’Allemagne parle cardinal Hergenrœther, Bavarois, et par le cardinal Ledochowski. Au contraire, l’ancien archevêque de Cologne, le cardinal Melchers, s’était montré, vis-à-vis du Souverain Pontife, très inquiet de l’effet que devait produire, au point de vue des intérêts religieux, l’effacement de plus en plus complet de la fraction du Centre.

La lettre du Pape à l’archevêque de Cologne, Mgr Krementz, aujourd’hui cardinal, était catégorique. Rappelant ses longs et persévérans efforts pour rendre la paix aux catholiques d’Allemagne, en obtenant du cabinet de Berlin la révision des lois de Mai, Léon XIII s’exprimait ainsi :


C’est pourquoi nous avons commencé à reposer, après une longue sollicitude, et à prendre joyeusement espoir, lorsque nous avons compris qu’on consentait à retirer, pour les amender, les lois contraires à la liberté