Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 142.djvu/714

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 juillet.


Les Chambres se sont enfin séparées ; le gouvernement a déclaré close la session ordinaire de 1897. Cette session a été agitée et laborieuse ; on ne peut pas dire qu’elle ait été complètement inutile. Sans doute, il y a eu beaucoup de temps mal employé ; l’opposition radicale et socialiste a fait tout ce qui dépendait d’elle pour qu’il y en eût encore davantage ; elle a multiplié les interpellations stériles dans l’espoir, toujours déçu, d’en trouver finalement une qui serait mortelle pour le ministère ; il a fallu prendre des mesures exceptionnelles pour assurer à la Chambre au moins trois ou quatre jours de vrai travail par semaine, et on a rejeté pour cela toutes les interpellations sur le samedi. Grâce à cette résolution, que la majorité a prise à la demande de M. Méline et à laquelle elle s’est ensuite exactement conformée, elle a pu voter deux lois importantes, la loi sur les sucres et la loi sur le renouvellement du privilège de la Banque de France. Ce ne sont pas là, évidemment, des lois de réforme, et nous reconnaissons même volontiers que la première n’était qu’une loi d’expédient, mais elles étaient nécessaires, indispensables et urgentes, et il y a eu des sessions plus mal remplies. Enfin, les Chambres ont voté, avant de se séparer, un dégrèvement de l’impôt foncier sur lequel nous aurons à revenir.

On parle sans cesse de réformes, on assure que le pays en veut, qu’il les réclame, qu’il les attend avec impatience. Rien n’est moins démontré que cette affirmation. Le pays, dans son bon sens, ne paraît pas, lorsqu’on le regarde ou qu’on le consulte, en proie à la même fièvre de mouvement et d’agitation que le monde politique. Il travaille, il économise, pendant que ses représentans plus ou moins fidèles s’ingénient à lui faire toujours de nouvelles promesses, auxquelles il commence à ne plus ajouter beaucoup de confiance. Il croit sans doute qu’il y a, en toutes choses, des améliorations à opérer ; mais les grandes réformes dont on l’entretient depuis si longtemps et qui ont été, entre les divers partis ou fractions de partis, l’objet d’une surenchère désordonnée, le laissent de plus en plus sceptique. Ces réformes,