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LES UNIVERSITÉS D’ÉCOSSE.

les représentans les plus autorisés de la civilisation latine. Elles nous ont envoyé l’an dernier quarante délégués, pour renouer les liens avec l’antique Sorbonne. Elles nous demandent de décerner, aux étudians qui fréquentent chez nous, un diplôme qui, sans leur donner aucune prérogative civile en France, atteste leurs connaissances acquises dans telle ou telle branche[1]. C’est aussi ce que nous demandent les Américains des États-Unis du Nord. Des comités se sont fondés à Édimbourg, sous la présidence de lord Reay, à Paris, sous celle de M. Casimir-Perier, à Washington, sous celle de l’astronome Newcomb, pour négocier avec le directeur de notre enseignement supérieur et avec le comité de patronage des étudians étrangers. Des avocats, des publicistes au premier rang desquels il n’est que juste de mentionner MM. Geddes, Gordon et le professeur Sarolea (d’Édimbourg), M. Paul Melon et M. Barclay, avocat à Paris, agitent l’opinion publique en Écosse, en France. Une revue franco-écossaise a déjà été fondée pour publier les travaux des maîtres des deux pays. L’accueil si hospitalier et les brillantes fêtes que l’Université et la municipalité d’Édimbourg, l’Université, de Saint-André et les magistrats de Stirling ont organisés, en juillet 1897, en faveur des délégués des universités françaises, ont confirmé cette entente cordiale. Et sans doute, après ce premier élan, le mouvement ne peut que grandir et s’étendre à l’Angleterre, aux pays slaves et scandinaves, à l’Amérique du Sud.

Pourrions-nous rester insensibles à ces appels ? Pourrions-nous ne pas répondre à cet élan des nations jeunes, chez qui le génie de la race et un intérêt supérieur de l’éducation nationale déterminent ces aspirations vers la France ? Pour ma part, je ne le pense pas. Plusieurs motifs doivent nous porter à répondre favorablement à ces avances.

Et d’abord, l’intérêt bien entendu de nos Universités, reconstituées et non pas encore émancipées, mais en voie de se libérer de la longue tutelle de l’État. Ce qui a fait la force et le renom de nos Studia generalia de l’ancien régime jusqu’au XVIe siècle, c’est qu’ils étaient libéralement ouverts aux étudians de toute nation, de toute race ; ils avaient un caractère cosmopolite et catholique, dans le sens laïque du mot ; et c’est au contact de cette élite de la jeunesse européenne que l’esprit français s’est affiné ; que

  1. Le doctorat d’université, accessible aux étrangers, vient d’être adopté par le Conseil supérieur de l’instruction publique.