Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 142.djvu/681

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
675
LES UNIVERSITÉS D’ÉCOSSE.

Faculté de théologie d’Édimbourg, ne s’est pas non plus renfermé dans cette branche spéciale : ses deux volumes sur la philosophie de l’histoire de France et sur la philosophie de l’histoire d’Allemagne ont été lus par tous ceux qu’intéresse le côté philosophique des événemens ; ils ont été traduits en français et lui ont valu d’être élu membre correspondant de notre Académie des sciences morales et politiques. M. Laurie, professeur de pédagogie, a pris bon rang parmi les philosophes, par ses deux ouvrages intitulés : Metaphysica nova et vetusta et son Ethique de la raison, MM. Andrew Seth, à Edimbourg. W. Knight et D. Ritchie, à Saint-André continuent dignement la tradition de l’école écossaise.

MM. H. Drummond, et M. A. Lang forment la transition de la philosophie à la théologie. Le premier, professeur au collège de l’Église libre de Glasgow, après avoir exploré les Montagnes Rocheuses, l’Afrique du Sud et poussé jusqu’en Australie, a écrit la Loi naturelle dans le monde spirituel (1883). Dans cet ouvrage, qui a été traduit dans toutes les langues de l’Europe, ce penseur, hardi jusqu’à risquer de se perdre sur les frontières inconnues des deux sphères, a essayé de prouver que le monde moral obéit aux mêmes lois que la nature physique. Son discours sur « la plus grande chose du monde » a pour objet de dégager la fin essentielle du christianisme qui est l’amour[1]. M. André Lang, titulaire de la conférence Gifford, à l’Université de Saint-André, est un esprit mieux équilibré, plus positif, mais non moins original. Lui aussi a commencé par de fortes études grecques[2], puis il s’est adonné avec passion à l’étude du folk-lore, qui a produit pour lui deux résultats féconds. Elle a éveillé en lui la faculté poétique et excité son intérêt pour les questions de philosophie religieuse. L’introduction de son livre sur Mythes et cultes (1884) est une œuvre magistrale, et le classe parmi les dignes continuateurs des travaux de Max Müller et d’Albert Réville sur l’origine des religions.

Quant à la théologie, les Écossais y ont excellé de tous temps, comme le prouvent les docteurs cités en tête de cet article, auxquels il faudrait ajouter, pour le XVIe siècle, les noms de

  1. Drummond vient de mourir prématurément.
  2. Il a publié, en collaboration avec M. W. Butcher d’Édimbourg. Une traduction de l’Odyssée. Son ouvrage intitulé : Cultes et mythes a été traduit en français par M. L. Marillier.