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parlementaire pour aller ainsi, autour de Berlin, distribuer secrètement les secours spirituels qui leur étaient demandés. La loi du 21 mai 1880 mit fin à cette situation anormale qui avait fini par blesser le bon sens de l’empereur Guillaume.

Établies désormais sur la base d’une sympathie mutuelle qui répondait aux calculs de la chancellerie pontificale comme aux besoins politiques du cabinet de Berlin, les relations du Saint-Siège et de l’Allemagne devinrent faciles et simples. M. de Schlœzer, en revenant à Rome, au mois d’octobre, put donner au Pape l’assurance que son gouvernement s’occupait de réformer la législation dont l’ensemble avait constitué naguère en quelque sorte le système du Culturkampf. La diplomatie prussienne avait pris en effet un engagement positif à cet égard vis-à-vis du Saint-Siège, en échange des concessions du Pape.

A la suite de la promulgation de la loi religieuse dont le vote par le Landtag avait mis fin à la lutte confessionnelle en Prusse, les rapports de l’Eglise avec l’Etat allèrent sans cesse s’améliorant. Un instant on avait pu craindre des froissemens à l’occasion du choix à faire pour le remplacement de l’évêque de Kulm décédé. Mais cette question put être très vite réglée. Il était d’autre part sensible que, dans le diocèse de Posen, les fonctionnaires du gouvernement s’attachaient à faciliter au nouvel évêque, Mgr Dinder, une tâche que les souvenirs laissés par le cardinal Ledochowski pouvaient rendre épineuse. Sur le Rhin, l’évêque de Trêves lui-même, Mgr Korum, d’origine alsacienne, était, quoique très suspect, à la veille d’obtenir l’autorisation d’ouvrir un grand séminaire. Et comme, d’autre part, il avait été pourvu assez aisément aux sièges vacans de Mayence et de Limbourg, on pouvait estimer que l’Allemagne s’éloignait chaque jour davantage de l’ordre d’idées hostiles qui avait tenu une si grande place dans le programme de la politique générale du prince de Bismarck, quand elle avait pour principal appui le parti national-libéral.

Peut-être cependant s’était-on, au Vatican, abandonné trop vite à des espérances exagérées en ce qui concernait le libre et complet fonctionnement de la vie catholique en Allemagne. Ainsi, il avait été souvent question de la rentrée éventuelle sur le territoire allemand de la Compagnie de Jésus. Le langage tenu à ce sujet par M. de Schlœzer indiquait au contraire que les Jésuites n’étaient pas près d’être admis dans l’Empire. Des facilités seraient accordées à d’autres ordres religieux, notamment aux Bénédictins et