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LES UNIVERSITÉS D’ÉCOSSE.

à sa croissance qu’une spécialisation prématurée ! En rendant ainsi les programmes d’études et les conditions d’examen aussi souples que possible, la Commission de la réforme des universités d’Écosse s’est inspirée de cette pensée si juste de Stuart Mill : « Une Université n’a pas pour objet de former d’habiles avocats, médecins, ou ingénieurs, mais des hommes capables et cultivés, car on est homme avant d’être avocat, médecin ou ingénieur. L’éducation fait d’un homme un bottier plus intelligent si c’est son métier, mais ce n’est pas en lui apprenant à faire des bottes[1]. » D’ailleurs les maîtres donnent eux-mêmes aux étudians l’exemple de cette largeur et ils n’ont garde, comme on va le voir, de limiter leurs travaux au seul domaine indiqué par le titre de leur chaire


IV

Nous avons dit, au début de cette étude, que l’Écosse était déjà réputée aux XVe et XVIe siècles pour ses professeurs de grec, de philosophie et de théologie : les Universités de France et plus tard les académies protestantes se les disputaient. Les Universités actuelles ont eu à cœur de soutenir cette vieille renommée et elles possèdent de nombreux hellénistes, philosophes et théologiens qui ne le cèdent en rien aux meilleurs des universités du continent.

Aujourd’hui l’hellénisme est représenté par trois ou quatre maîtres éminens. M. James Donaldson, le principal de l’université de Saint-André, outre une grammaire de grec moderne, a publié une Histoire de la littérature et de la doctrine chrétiennes avant le concile de Nicée et a dirigé une revue d’éducation appelée : The Museum. Son collègue d’Aberdeen, M. William D. Geddes, avant d’être principal de cette école, avait enseigné le grec pendant trent ans et ses recherches sur le problème des poèmes homériques, lui ont mérité le fauteuil de vice-président de la Société des études helléniques<ref> M. Geddes a publié, en outre, Flosculi græci boreales (1892) et Musa latina Aberdontensis (1892). 2 vol. /ref>. Il n’est pas d’ailleurs moins versé dans l’histoire de l’architecture sacrée, et son Mémoire sur le « plafond héraldique de Saint-Macaire » l’a mis au premier rang des archéologues

  1. Stuart Mill, Inaugural address delivered at the opening of the University Saint-Andrew, London, 1867.