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LES UNIVERSITÉS D’ÉCOSSE.

des droits historiques appartenant aux institutions politiques ou religieuses. C’est pourquoi, — soit dit en passant. — nous ne savons guère accomplir de progrès sans faire de révolution. Le législateur anglais au contraire a voulu faire dans le gouvernement des Universités sa part à chacun des organes essentiels : les maîtres et les étudians, la ville et la couronne. Et même une très large part a été faite aux étudians et aux gradués, puisque, à leur droit d’élire le recteur, on a ajouté celui de nommer un chancelier et d’avoir un conseil de représentans. Cette complication ne l’empêche d’ailleurs pas d’être assez souple. L’acte de 1889 a donné aux commissaires nommés par le Parlement le droit d’autoriser les Universités à pourvoir à l’enseignement des femmes (art. 14, n° 6) et de les admettre à prendre leurs grades dans plusieurs facultés. Il a aussi prévu l’extension des Universités par l’affiliation des nouveaux collèges (art. 15). Ces articles de la loi de 1889 ne sont pas restés à l’état de lettre morte. À Glasgow, on ne compte pas moins de 246 jeunes filles étudiant en lettres, sciences et médecine ; à Edimbourg, 185 sont inscrites pour la plupart à la Faculté des arts[1], à Saint-André 47, à Aberdeen 43. L’Université de Saint-André a créé pour les femmes un diplôme de licence ès lettres équivalant à celui de maître ès arts et pour l’obtention duquel on exige un examen satisfaisant sur sept branches. Aberdeen a ouvert ses portes plus grandes encore et les a admises à prendre le diplôme dans toutes les facultés. Edimbourg a un collège médical réservé exclusivement aux femmes. Les négociations, pour réunir le collège de Dundee à l’Université de Saint-André, réunion prévue par l’article o de ladite loi, ont été fort laborieuses, à cause de l’opposition de la Chambre des lords qui réussit à empêcher l’union en 1893. Elles ont été reprises depuis peu par les commissaires, et ont abouti, mais cette union est encore précaire. L’avantage de cette affiliation serait de procurer à la Faculté de médecine de Saint-André l’occasion d’exercices pratiques dans l’hôpital de Dundee, qui est une beaucoup plus grande ville.

Mais une des sources de la prospérité des établissemens d’enseignement supérieur en Écosse, c’est l’abondance des dotations dont la plupart remontent au moyen âge et se continuent en notre siècle. D’après la volonté des donateurs elles ont pour but d’entretenir

  1. Sur ce nombre 22 sont inscrites au cours de littérature française et de philologie romane.