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empêche les Universités de tomber dans le particularisme ou de céder aux empiétemens de l’esprit de clocher.

Cela nous amène à parler des rapports des Universités avec l’Église : trois sur quatre, on l’a vu, sont filles de l’Église catholique du moyen âge. Née de la révolution religieuse du XVIe siècle, l’Université d’Édimbourg n’a pu échapper à la domination que l’Église anglicane d’abord, puis l’Église presbytérienne, devenue l’Église nationale d’Écosse, ont fait peser sur le système entier d’instruction publique. Les Universités d’Écosse au XVIe siècle n’ont donc fait que changer de tutrice ; mais elles sont toujours restées les pupilles d’une Église. Il est vrai que le patronage de l’assemblée générale de l’Église (Kirk assembly) a été plus favorable à leur développement que celui de l’Église romaine, parce qu’il laissait une porte ouverte à l’esprit d’examen. Cet esprit, se dégageant du sein même des controverses théologiques, s’est propagé dans le domaine des autres sciences et les a peu à peu affranchies du joug de la confession de foi. Aujourd’hui, il n’y a plus que les professeurs de théologie qui soient astreints au test, c’est-à-dire à signer la confession de foi de l’Église établie, et soumis à sa discipline. Des tentatives ont été faites depuis plusieurs années pour supprimer cette dernière restriction et ouvrir l’accès des chaires théologiques aux ministres des Églises dissidentes, mais sans succès jusqu’à ce jour. La création des conférences Gifford, pour l’étude de la théologie naturelle, marque un vigoureux effort en ce sens. Si un professeur de théologie s’écarte de la doctrine orthodoxe, — et cela s’est produit plus d’une fois, depuis que le mouvement de la critique biblique s’est propagé en Écosse, — il peut être cité devant l’assemblée ou synode général et privé de sa qualité de ministre, mais non pas de sa chaire, car l’Église n’a plus conservé le droit de patronage que sur une chaire, celle de théologie dogmatique à Aberdeen. Toutes les autres dépendent de la couronne, de la cour de l’Université ou du comité des curateurs d’Édimbourg, qui sont on majorité des délégués du conseil municipal. De sorte qu’on peut dire que les Universités d’Écosse ne tiennent plus à l’Église que par un fil ; il est vrai que ce fil est encore très fort en pays anglo-saxon, c’est celui de la tradition.

Si cette organisation des Universités écossaises nous paraît au premier abord très compliquée, cela tient à ce que nous ne sommes pas habitués, comme nos voisins d’outre-Manche, à ce respect