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LES UNIVERSITÉS D’ÉCOSSE.


I

Les Universités de Saint-André, de Glasgow et d’Aberdeen datent du XVe siècle ; Édimbourg est de beaucoup la plus jeune des sœurs, n’étant venue au monde qu’à la fin du XVIe siècle ; de là deux groupes distincts au point de vue des origines. Les trois aînées durent leur fondation à la Renaissance et reçurent leurs droits et privilèges de l’Église catholique et du Saint-Siège, tandis que la cadette est fille de la réformation protestante et a été jusqu’en 1838 sous le patronage du conseil municipal d’Edimbourg. Cette différence d’origine n’a pas été sans influence sur l’esprit et les tendances de ces écoles supérieures. On connaît la vive impulsion que la culture générale des lettres reçut de la prise de Constantinople et de l’émigration des savans grecs en Occident. Ce mouvement de l’esprit humain, justement appelé la Renaissance, ne resta pas limité à l’Italie et aux pays voisins ; il se propagea jusqu’aux extrémités de l’Europe, aux pays Scandinaves et à l’Écosse. L’Europe, au début du XVe siècle, comptait une cinquantaine d’écoles d’études générales (Studia generalia), comme on disait alors ; à la fin du même siècle, le nombre en avait doublé, et parmi les nouvelles venues, se trouvaient Saint-André (1411), Glasgow (1453), Aberdeen (1494). La première loi sur l’instruction publique fut votée par le parlement d’Écosse en 1496. Elle enjoignait aux barons et aux francs-tenanciers, sous peine d’une amende de £20, d’envoyer leur fils aîné à l’école pour y apprendre le latin et suivre, ensuite, les cours de l’Université pendant trois ans.

D’autres causes locales contribuèrent à leur établissement. Les gentilshommes écossais étaient pauvres, trop pauvres, pour entretenir leurs fils aux Universités du continent. Il y avait sans doute des bourses au collège des Écossais de Paris ; mais seulement une douzaine et encore étaient-elles réservées pour les aspirans aux charges ecclésiastiques. Ils auraient pu encore les envoyer à Oxford ou à Cambridge, mais on avait alors une telle antipathie pour les Anglais, qu’ils préféraient les garder chez eux et leur faire enseigner le latin et le maniement des armes par des précepteurs domestiques. Quant aux futurs clercs, ils trouvaient les rudimens d’instruction dans les écoles cathédrales, telles que Saint-Macaire, à Aberdeen.