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France s’est manifestée jusque dans la langue, qui est beaucoup plus imprégnée de mots français que l’anglais de Grande-Bretagne[1]. Mais, en revanche, l’Écossais diffère de nous par certains traits qu’il doit sans doute à l’influence de son pays si pauvre, si brumeux, mais si pittoresque. Il a l’esprit enclin à la poésie, non pas mystique et sentimentale comme celle des Allemands, mais à la poésie épique. Qu’on lise les romans de Walter Scott, les poèmes de Burns ou mieux encore les vieilles ballades recueillies par Percy, et l’on sera tout de suite frappé de ce goût des Écossais pour le récit des aventures de guerre et d’amour, en quoi ils se rapprochent des Espagnols du moyen âge ; ils sont très jaloux de leur indépendance, très fiers de leurs héros ; cela était même passé en un proverbe, cité par Rabelais et qui dit : « Fier comme un Écossais. » Enfin, et c’est là peut-être le trait le plus original de leur caractère, l’Écossais est à la fois très religieux et très sobre dans les manifestations extérieures de son culte. Tout le monde connaît l’histoire de ses « covenants » et la fermeté que les Écossais ont déployée pour maintenir leur forme de religion presbytérienne contre le système épiscopal, que voulaient lui imposer par la force les chefs de l’église anglicane. Les Écossais, enfin, sont en général, sauf quelques cantons reculés des Highlands, instruits et même plus instruits que les Anglais. Il y a trente ans, Stuart Mill constatait que l’Écosse, « grâce à ses grands réformateurs religieux, avait eu l’avantage inestimable, refusé à sa sœur du midi, d’avoir d’excellentes écoles de village (parish school) qui donnèrent, deux siècles avant tout autre pays d’Europe, à la masse de la nation une somme considérable d’instruction populaire. » C’est dans ces écoles que se recrutent les étudians des quatre universités du pays : Saint- André, Glasgow, Aberdeen et Edimbourg.

Je voudrais, dans les pages qui suivent, rechercher les causes qui ont présidé à la fondation de ces Universités, expliquer leur organisation actuelle, leur programme d’études et signaler quelques-unes de leurs illustrations.

  1. Dans les collèges, les domestiques s’appelaient garciones au lieu de boys et les étudians de première année à Aberdeen s’appellent encore aujourd’hui les bejeant, qui vient de notre mot béjeaune'.