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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




13 juillet.


Au moment où nous écrivons, nous n’oserions pas dire encore d’une manière tout à fait certaine que le parlement va se séparer et entrer en vacances ; mais nous l’espérons. On assure que le gouvernement a pris le parti de le lui proposer, et le gouvernement lui a fait accepter des choses plus difficiles. La Chambre a mené à bien une œuvre utile, et c’est beaucoup, pendant sa session d’été : elle a renouvelé le privilège de la Banque de France ; mais il lui a fallu pour cela un temps si long qu’il ne lui en reste plus pour autre chose. Le ministère avait eu tort de lui demander de discuter et de voter une réforme fiscale au moment de l’année où nous sommes arrivés ; il a bien fait d’y renoncer. Rien ne sert de courir, il faut partir à temps : la Chambre n’est pas partie à temps, et elle est d’ailleurs hors d’état de courir. Elle est mûre pour les vacances. Qu’on les lui donne ! Elle reviendra au mois d’octobre après avoir pris l’air du pays, ce qui est pour elle un très bon régime, auquel elle devrait se soumettre plus souvent. Jamais elle n’a eu un plus grand besoin de se détendre les nerfs et de renouveler ses forces pour la session d’automne, session redoutable qui, durera moins de trois mois, et dont voici fa table des matières, ou, si l’on veut, l’ordre du jour : réformes fiscales, budget, affaire de Panama ! Et nous ne parlons pas des surprises.

Affaire de Panama ! Qui aurait cru qu’elle devait renaître une fois de plus de ses cendres refroidies ? Le pays en est fatigué, lassé, écœuré. Il n’y croit plus. Il assiste avec une indifférence sceptique et narquoise à l’essai de galvanisation auquel on la soumet. Il a perdu confiance, même dans les commissions d’enquête parlementaires, et il n’attend pas plus de celle d’aujourd’hui qu’il n’a obtenu des précédentes. Pourquoi l’avoir troublé dans le calme où il commençait à rentrer ? Que s’est-il passé de nouveau, pour justifier la reprise d’un vieux mélodrame déjà bien usé ? Peu de chose, en vérité. Arton a été arrêté, et, au bout