Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 142.djvu/426

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans les plus minimes détails, le gouvernement du Dominion perfectionne les derniers progrès de l’Europe ; il a été jusqu’à organiser des beurreries ambulantes qui vont au cœur même du pays porter la contagion du progrès. Il donne aux cultivateurs les conseils les plus minutieux pour réduire leurs dépenses, leurs risques et développer la qualité, la quantité de leurs productions, leur indiquant les rations à distribuer à leurs vaches, les soins nécessaires aux volailles. Tout cela, clairement exposé dans des collections de documens officiels que je ne puis sans humiliation comparer aux nôtres, trop généralement épars, indigestes, inachevés. Et il en est de même chez la plupart de nos concurrens ; on peut dire qu’ils appliquent déjà, à titre de perfectionnemens pour surproduire, des innovations qu’il nous faudra leur emprunter, à titre de remèdes, pour subsister. A cet égard ce n’est même plus avec nous, c’est entre eux qu’ils rivalisent ; ils luttent sur un terrain privilégié avec des armes que nous n’avons même pas encore forgées. Le Canada encore une fois n’est qu’un exemple : il atteste l’épanouissement que peut atteindre notre population française une fois dégagée des charges qui l’étouffent.

Les efforts du gouvernement australien ne sont pas moins intéressans à étudier que ceux du Canada : peut-être dépassent-ils la mesure et on ne manquera pas chez nous, de peur d’être tenté de l’imiter, de dire qu’il est révolutionnaire ou socialiste. En vérité il s’est fait marchand ; c’est lui qui emmagasine, embarque, transporte et conserve les produits dont il stimule le développement, dont il garantit d’une estampille spéciale l’authenticité, la qualité, depuis les produits du troupeau jusqu’à ceux du poulailler, du verger, de la vigne et de la laiterie. L’Europe est déjà moins peut-être pour l’Australie une école qu’un débouché ; sans parler du grand commerce de la laine, l’exportation du bétail et des petits produits de l’agriculture australienne donne déjà de gros bénéfices : 40 pour 100 pour le beurre, 30 pour 100 pour les fromages et les moutons, 60 pour 100 pour le bœuf, 90 pour 100 pour les volailles, 33 pour 100 pour les fruits. Des services directs s’organisent entre l’Australie et l’Angleterre : le coût du fret n’est pas plus élevé entre Sydney, et Liverpool que celui de la traversée de Liverpool à Londres, car la concurrence des transports déjà surabondans entraîne l’avilissement des frets et va venir aggraver la surabondance des produits.

Mêmes ambitions au Cap, mêmes progrès dans la République