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répondent aux objections. Nous avons résumé les plus généraux ; nous allons en indiquer d’autres qui découvrent le mal jusqu’aux racines et montrent que non seulement il existe, mais qu’il s’aggrave de jour en jour, soit qu’on en observe ; les causes au dehors, soit qu’on en suive les effets au dedans.


LES SIGNES EXTÉRIEURS. — LES PROGRÈS DE NOS RIVAUX

Mêlons-nous d’abord, hors d’Europe, aux envahisseurs ; entrons dans le cercle d’investissement de nos rivaux. Nous y retrouvons, d’une année à l’autre plus accusés, les symptômes dont nous avons déjà donné l’aperçu général et que nous signalent — quand on veut bien les consulter — des documens nombreux.

En dépit d’une reprise des affaires qui tient à des causes spéciales, les rapports de nos chambres de commerce, ceux de nos consuls ne sont qu’une litanie d’avertissemens. Du Japon, de la Chine, du Siam, du Canada, de l’Amérique du Nord, du Mexique, du Chili, du Brésil, de la République Argentine, de l’Australie, du Cap comme de l’Espagne, de la Belgique, de la Grèce ou de la Turquie, de partout enfin nos agens ne font entendre qu’une seule voix et signalent « l’effrayant déclin de notre commerce. » Ils écrivent les uns ou les autres : « la situation de notre commerce est bien compromise » (Egypte) ; la France est presque oubliée (Porto-Rico) ; « l’article de France tend à disparaître » (Turquie d’Asie, Japon, Guatemala) ; « les commerçans trouvent plus d’avantage à vendre d’autres marchandises que les nôtres » (la Havane) ; « les Français ne sont à la tête d’aucune de ces grandes maisons qui sont l’âme du commerce » (Anvers) ; « aucune maison étrangère ou locale ne veut accepter la représentation de notre commerce » ; « les pays tiers substituent leurs marchandises aux nôtres » (Valparaiso, Rio, Pretoria, etc.).

Et encore une fois qu’on ne croie pas la France seule atteinte. Même langage, mêmes doléances de plusieurs agens anglais (République Argentine, Ténériffe, etc.). Quant à l’Allemagne, on constate avec raison le développement considérable de ses exportations, mais on néglige d’ajouter que leur valeur s’avilit d’année en année. Même avilissement des produits russes, etc.

Nous avons dit les privilèges qui favorisent nos rivaux lointains, mais ils ont quelque chose encore que nous pouvons leur envier : ils sont ambitieux, ils ne se contentent pas de leurs