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latine les traces qu’y a laissées le goût espagnol, africain et gaulois. Cela n’est ignoré de personne. On constate également les modifications sensibles que l’esprit provincial faisait subir, notamment, à l’architecture. En Occident, nous avons des édifices gallo-romains, hispano-romains, africano-romains inspirés des chefs-d’œuvre qu’on admirait à Rome. En Orient, l’art hellénistique, antérieur à l’apparition de ces modèles, est resté indépendant. Il a vu quelques-unes de ses formes caractéristiques pénétrer dans la capitale ; néanmoins, sur le tard, il n’a pas été exempt des importations latines. Ç’a été une pénétration réciproque. J’ai souvent souhaité que des architectes, amoureux des recherches théoriques, entreprissent un parallèle des divers modes au moyen desquels l’architecture classique s’était adaptée au sentiment esthétique des principales régions du monde ancien. Le point de départ de ce travail serait une étude sur l’architecture romaine, ou plutôt gréco-romaine, dont la formation n’a jamais été suffisamment établie. Le tableau pourrait s’étendre jusqu’à la fin du IIIe siècle. Rien qu’à ce point de vue, M. Bertone a déjà rendu un grand service à son art. Il en a fixé une phase mémorable et fourni un élément essentiel à l’œuvre dont je viens d’indiquer l’objet. Mais il est allé chercher ses documens sur place.

Et maintenant dira-t-on que le prix de Rome ne fait que des artistes sédentaires et qu’on s’endort à la Villa Médicis ? Mais d’abord une disposition, inscrite depuis quelques années au règlement de l’Académie de France, permet aux architectes d’aller chercher où bon leur semble le sujet de leur restauration. Ils n’ont pas manqué de répondre à cette invitation. Dernièrement, l’un d’entre eux, pour restituer l’Acropole de Pergame, a consacré à en étudier les ruines tout un hiver qui s’est trouvé des plus rigoureux. Dans ces conditions, il a préparé des dessins qui ont été, j’en suis sûr, admirés au Salon. On y a vu des monumens qui ont préparé l’introduction de l’architecture grecque à Rome, en face d’autres monumens élevés sous le règne de Trajan. Ce bel ensemble n’aura pas manqué de mettre en lumière le nom de M. Pontremoli.

J’ai dit ce que M. Bertone a fait à son tour. Il a étudié l’art gréco-syrien dans un pays qui, ayant plus longtemps que d’autres conservé son autonomie, nous montre cet art avec son caractère original. L’explorateur a bien conduit son travail et il l’a exécuté sans compter. Il n’a songé qu’à se faire honneur et à