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et par derrière le château d’eau et l’acropole. Puis, en poursuivant sa route, et en regardant par les arcades qui variaient à intervalles égaux l’architecture à plate-bande des portiques, l’œil plongeait à droite et à gauche dans des rues régulières, se reposait un instant sur des maisons peintes à l’angle desquelles coulaient des fontaines. Bientôt on arrivait à un pavillon qui coupait, sans l’interrompre, l’avenue monumentale. Il s’ouvrait de quatre côtés, était soutenu par quatre groupes de quatre colonnes posant sur des piédestaux et laissant entre elles un vide occupé par une statue. Cet ensemble était couronné par un dôme porté lui-même par des colonnettes à jour.

A partir de là, entre le pavillon et l’arc de triomphe, était la ville royale. On y apercevait d’abord le palais, et la restauration que M. Bertone en prépare présentera un intérêt très vif. Elle fera voir par quelles dispositions l’architecture grecque arrivait à répondre aux besoins de faste extérieur et de clôture qu’avait un prince asiatique. Et ce que le voyageur entrevoyait au passage, — noblesse de l’ordonnance, finesse de l’ornementation, couleur pourprée des matériaux, colorations décoratives, — était de nature à le frapper. Surprenans aussi étaient les thermes et le théâtre placés face à face, le théâtre surtout, dont les entrées percées à droite et à gauche du mur de fond correspondaient à la colonnade qui entourait les gradins. Au milieu, la loge royale était mise en communication avec le palais par le passage dont nous avons parlé. Cette partie de Palmyre était pleine de mouvement. Entre les représentations, le théâtre était vide ou servait à des assemblées ; mais les thermes, à toute heure, étaient remplis d’une foule bruyante ; tandis qu’à côté, dans le musée, on entendait les déclamations et les controverses des rhéteurs et des savans. Des auditeurs s’y rendaient et parfois on pouvait en voir sortir Longin ou Nicomaque allant chez la reine qui les faisait appeler. Enfin, dans tous les espaces laissés libres par les communications ouvertes entre la voie publique et les monumens voisins, des boutiques plus riches qu’ailleurs tentaient le regard et retenaient le passant. Le cadre formé par tant de colonnes peintes n’était pas moins captivant. Ce qu’on ne pouvait manquer d’y remarquer, c’est que souvent elles étaient ornées d’une console portant une statue ou un buste votifs. Les portiques étaient ainsi des galeries où les images des citoyens ayant bien mérité de leur pays, étaient exposées et formaient un véritable panthéon. Le temple du Soleil