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LA
RÉVOLTE DES PHILIPPINES
ET LES
MOEURS POLITIQUES DE L'ESPAGNE

Comme nous traversions, en sortant du cabinet de M. Canovas, le grand salon de la présidence du conseil, où se réunissent les ministres, nous vîmes, debout dans un des angles et graves, ne causant pas, quatre religieux qui attendaient. — « Ce sont, me dit-on, les procurateurs à Madrid des quatre principaux ordres établis aux îles Philippines : augustins, dominicains, franciscains et récollets ; le président les a mandés pour conférer de la situation politique. » — Et tous les quatre, ils me rappelèrent l’impression ressentie au Palais, deux ans auparavant, en regardant entrer, appelé chez la reine, un évêque dont la robe de moine était à demi recouverte du rochet de dentelles, avec les manches doublées de violet, devant lequel s’agenouillaient grands d’Espagne, généraux, dames d’honneur, et qui, la mine indifférente, l’œil dur, bénissait de haut. Pour la première fois, l’Espagne m’était apparue, là, à la cour, notre Espagne classique, celle que le théâtre et le roman nous ont faite, une Espagne peut-être fausse et — qui sait ? — peut-être plus vraie que l’Espagne de toutes les rues et de tous les jours, où se découvrait, sous l’apport du XVIIe, du XVIIIe et du XIXe siècle, le fond, le roc du XVIe. Ici encore