Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 142.djvu/157

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des matériaux non employés, où de vastes échafaudages indiquent la place des édifices absens… Vienne l’architecte qui, pour un plan nouveau et harmonieux, utilisera ces richesses éparses !

Pour nous, qui avons tracé une des faibles esquisses que l’architecte de l’avenir consultera peut-être un instant, nous ne voulons nous défendre à l’avance que d’un seul reproche : celui d’avoir construit dans le rêve et dans la chimère.

Non, aucun des vœux que nous avons formés n’est irréalisable dans notre pays et dans notre temps.

Non, il n’est pas chimérique de vouloir pour la France une magistrature affranchie à jamais de la politique, véritable point fixe d’une démocratie qui sera bien longtemps encore agitée par les passions et les querelles des partis.

Il n’est pas chimérique de vouloir auprès de cette magistrature, guidés et instruits par elle, des juges extraits de la nation pour la répression des délits et des crimes.

Il n’est pas chimérique de vouloir en finir dans les rapports de la magistrature populaire et de la magistrature permanente avec des formules peu rationnelles qui ne furent jamais obéies, et de vouloir établir entre ces deux magistratures les rapports d’une véritable et féconde confiance.

Non, tout cela n’est point du rêve ! Les solutions sont prêtes. Le Parlement choisira parmi elles, et pour mener à bout une œuvre d’ensemble qui est réclamée depuis si longtemps, il saurait au besoin apporter des modifications heureuses à ses méthodes, à ses procédés de travail.


JEAN CRUPPI.