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TEMPLE D’AMOUR

DERNIERE PARTIE(I)

XV

Ce qu’on appelle à Dinard « la Malouine » compose comme une cité à part. C’est le petit faubourg patricien, isolé des cara- vansérails cosmopolites. De l’intérieur de la Malouine, on ne soupçonnerait point la mer : on se croirait aisément en quelque coin, le plus frais et le plus fleuri, de la Muette ou de Passy. Le bris des vagues, tout proche, semble un brouhaha de grande ville qui parviendrait de très loin par résonnances assourdies. Les boulevards, — avenue de Cézembre, avenue Poussineau, allée des Douaniers, — s’alignent entre un double rang ininterrompu de grilles forgées qu’escaladent eu frondaisons touffues la vigne vierge, la glycine et la rose trémière. Derrière, les arbres poussent à pleine sève, en futaies : le vernis du Japon près du platane, le chêne avec l’acacia. A intervalles égaux, les habitations sur- gissent, lumineuses, entre ces bouquets de verdure et d’ombre. La plupart sont de même modèle. La brique y domine. Le style bâtard, prétentieux, tire au clinquant. Presque partout, cette pro- fusion de tourelles et de pignons qui caractérise le faux renais- sance; de petites vitres plombées, des portes de citronnier verni, des auvens de boiserie brou de noix surmontés d’un enfaîte- ment de genre japonais, en tuile émaillée, vert olive ou jaune (1) Voyez la Revue du 1" et du 13 juin.