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REVUES ÉTRANGÈRES

L'AUTOBIOGRAPHIE D'UN ROMANCIER HOLLANDAIS

Metamorfoze, par M. Louis Couperus (Amsterdam, 1897).

Si même le dernier roman de M. Louis Couperus n’était pas ce qu’il est, un très beau livre, élégant et robuste, plein d’émotion et de vérité, il mériterait encore d’être signalé pour la façon dont il porte la marque de son temps, et pour les renseignemens qu’on en peut tirer sur la situation présente du roman, ou plutôt des romanciers, dans l’Europe entière.

M. Couperus, d’abord, s’y est essayé à un genre nouveau. Après avoir publié tour à tour, en moins de dix ans, des poèmes romantiques, et des romans naturalistes, et des romans psychologiques, et des romans sociaux, et des romans politiques, il a changé de manière, une fois de plus. Ni par le sujet, ni par les détails, ni même par l’esprit général, ses Métamorphoses n’ont aucun rapport avec cette Paix du Monde dont j’ai eu, naguère, l’occasion de parler[1]. C’est à croire qu’il y a, chez le jeune romancier hollandais, une sorte d’instinct fatal qui le pousse à errer sans cesse d’un genre à l’autre, l’empêchant de produire jamais plus de deux ouvrages de nature semblable : un instinct d’autant plus fatal, et d’autant plus spontané, qu’on ne saurait soupçonner aucune considération intéressée d’avoir eu la moindre part à son développement. Dans chacun des genres divers qu’il a successivement

  1. Voyez la Revue du 1er avril 1896.