le plus occupé et le plus oppressé du monde », en même temps que l’abbé de Saint-Ambroise lui transmet ses instructions à cet égard, il y joint « la mesure d’une pièce que le cardinal de Richelieu voudrait de sa main, laquelle lui déplaît n’être pas plus grande, car il n’a garde de manquer à son service. » Malgré toute son assiduité à sa tâche, Rubens était forcé de reconnaître qu’il ne pouvait être tout à fait prêt pour la date indiquée. Le plus prudent était donc dès ce moment de ne plus travailler aux tableaux afin de les laisser sécher et de partir pour être à Paris à l’époque convenue, quitte à y achever ceux qui n’étaient pas terminés et à les retoucher tous sur place.
Dès son arrivée, l’artiste avait installé son atelier au Luxembourg[1]. Il était ainsi mieux à portée, non seulement pour finir la grande toile du Couronnement de la Reine, dans laquelle entraient de nombreux portraits de personnages de la cour, mais aussi pour exécuter une nouvelle composition destinée à remplacer celle de Marie de Médicis quittant Paris, qui figurait dans le programme primitif. L’esquisse de la Pinacothèque justifie assez la décision prise à cet égard. On s’était avisé un peu tard qu’il valait mieux supprimer un pareil épisode dans lequel les génies de la Haine et de la Calomnie semant la discorde entre la mère et le fils, la Fureur tenant en main sa torche, l’Astuce portant un renard sur ses bras, et jusqu’à un chien aboyant contre la reine, formaient un ensemble de détails par trop significatifs. Il fut convenu que ce sujet irritant serait remplacé par celui de la Prospérité de la Régence, qui, tout en faisant honneur à la reine mère de la prétendue prospérité du royaume sous son administration, n’aurait cependant rien d’offensant pour le roi. Mais c’était là un surcroît de besogne ajouté à toute celle qui restait encore à faire. Fort heureusement la date des fiançailles de la princesse Henriette, à laquelle était aussi fixée l’inauguration de la galerie, se trouva retardée jusqu’au 8 mai 1625, et, grâce à ce répit, Rubens pouvait espérer suffire en temps utile à une tâche aussi considérable.
- ↑ Il était cette fois accompagné de son élève Justus van Egmont, qui devait prolonger son séjour à Paris bien au delà du temps que son maître y demeura.