Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 141.djvu/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en deux la série des dix-huit autres compositions encadrées entre les fenêtres dont cette galerie était percée symétriquement ; neuf sur le jardin et neuf sur la cour. La petite paroi entre les deux portes donnant accès à la chambre de la reine recevrait les portraits du père et de la mère de Marie de Médicis, disposés de chaque côté d’une cheminée au-dessus de laquelle un espace avait été ménagé pour son propre portrait. Les mesures nouvelles des grands tableaux furent envoyées à Rubens dès le commencement de novembre 1622. Il eut donc à modifier l’esquisse déjà faite du Couronnement de la Reine pour lui donner plus de développement[1]. A raison du court espace de temps qui lui était laissé pour l’achèvement total, il n’y avait pas un moment à perdre. Vers le commencement du mois de mai 1623, la reine mère ayant appris que l’artiste avait terminé un certain nombre de tableaux, le fit prier par l’abbé de Saint-Ambroise de les apporter à Paris pour juger de l’effet qu’ils produiraient en place. Dès le 29 mai suivant, l’artiste était arrivé d’Anvers avec neuf de ses toiles qu’il faisait immédiatement retendre sur châssis. De son côté, Marie de Médicis venait exprès de Fontainebleau afin de voir les peintures. Au dire non seulement de Peiresc (lettre du 23 juin à J. Aleander) mais du représentant du duc de Mantoue, Giustiniano Priaudi (dépêche du 15 juin), elle les avait trouvées « admirablement réussies. » Ainsi encouragé, Rubens était reparti dès qu’il l’avait pu, afin de poursuivre sa tâche. Quelque zèle qu’il y mît, on pense bien que sa prodigieuse activité lui permettait de mener encore de front d’autres occupations.

Sans parler de sa correspondance, toujours très étendue, il trouve aussi le temps de suffire aux nombreuses commandes de tableaux qui lui sont faites. Mais la sûreté et la prestesse de son travail sont telles que, dès le 12 septembre 1634, il peut écrire à M. de Valavès, le frère de Peiresc, qu’il espère avoir terminé les peintures de la galerie dans six semaines et le rencontrer à Paris lorsqu’il y viendra. Il pense également assister aux fêtes du mariage de la princesse Henriette de France avec Charles Ier, qui devait avoir lieu vers le carnaval. Il avait raison de se presser, car, bientôt après, il recevait l’ordre de se trouver à Paris avec tous ses tableaux, au plus tard le 4 février 1625, et comme si ce n’était pas encore assez de ce labeur excessif, « qui fait de lui l’homme

  1. Le musée de l’Ermitage possède l’esquisse primitive; la seconde est à la Pinacothèque de Munich.