en laquelle il a eu le plus agréable entretien qu’il eût eu depuis fort longtemps, durant le peu de séjour qu’il a fait à Paris » ; et Peiresc termine en enviant Gevaert de pouvoir à son gré jouir de la société d’un homme pareil.
Quelles que fussent les séductions d’une telle intimité, Rubens avait hâte de retrouver son foyer et son travail. L’ouvrage si considérable dont il était chargé devait être terminé promptement, par crainte de voir les événemens modifier les résolutions prises, aussi bien que pour donner satisfaction à l’impatience de Marie de Médicis. Le 4 mars 1622, l’artiste était rentré à Anvers où il se mettait aussitôt à la besogne. A distance, en y réfléchissant, avec son bon sens et sa perspicacité habituelle, il s’était mieux encore rendu compte des difficultés de sa tâche. C’était la reine mère qui lui faisait cette commande et c’était l’histoire de sa vie qu’il avait à peindre; mais, dans les démêlés qu’elle avait eus avec son fils, il était bien délicat de se prononcer, car, en fait, celui-ci était le maître. Sous peine de le froisser, il fallait éviter de prendre parti. On était entré, il est vrai, dans une période d’apaisement; mais, avec le caractère fermé de Louis XIII, l’esprit d’intrigue de sa mère, la fausseté de Gaston d’Orléans, avec les passions et les intérêts opposés qui divisaient la cour, combien durerait cette trêve ? Des vies plus unies, des natures plus franches et plus droites, des situations moins ambiguës auraient permis le langage de l’histoire. En présence de tant de souvenirs, qu’il valait mieux ne pas réveiller, il eût été imprudent de trop préciser. Ce n’est qu’en biaisant et en faisant un large emploi de l’allégorie qu’on pouvait se tirer d’affaire: elle seule permettait de se tenir dans le vague et, toutes les fois qu’il en serait besoin, de se réfugier dans le nuage. L’allégorie, du reste, était alors très à la mode et, après l’avoir vue fort en honneur en Italie, Rubens lui-même l’avait déjà beaucoup pratiquée. Il était trop avisé pour n’y pas recourir en cette occasion, mais il est permis de trouver qu’il en a un peu abusé. Parfois, à force d’envelopper sa pensée, il aboutit à de véritables rébus ; mais l’excès même de ces subtilités n’était pas pour déplaire à cette époque et, à propos de certains sujets plus particulièrement scabreux, il n’était pas mauvais, tout en stimulant la curiosité, de laisser la porte ouverte à des interprétations