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et sa distinction naturelle il avait bien vite gagné ses bonnes grâces. Prudent et avisé comme il l’était, il avait pu aussi se renseigner promptement sur la situation assez compliquée au milieu de laquelle il lui fallait se mouvoir. La détermination des sujets qu’il aurait à traiter était particulièrement difficile. Suivant les habitudes de ce temps la reine, sans fausse honte, avait donné elle-même, comme programme des compositions destinées à sa galerie, l’histoire ou pour mieux dire l’apologie de sa propre vie. Une galerie parallèle, disposée symétriquement dans l’autre aile du palais, était réservée pour recevoir ultérieurement des peintures consacrées à la vie d’Henri IV.

Si accidentée qu’eût été l’existence de Marie de Médicis, il n’était pas aisé d’en tirer, à ce moment, des images pittoresques. A distance, libre de ses allures et pouvant choisir à son gré les épisodes qui lui sembleraient le mieux se prêter à une pareille destination, Rubens n’aurait pas été embarrassé. Il ne manquait pas de témoins pour l’aider à reconstituer la représentation d’événemens qui s’étaient passés publiquement et dont le souvenir récent restait gravé dans la mémoire de tous. Mais les épisodes les plus saillans de cette histoire étaient ceux-là mêmes qu’il fallait taire ou tout au moins travestir. Sous peine de froisser des passions toujours vives ou de réveiller des animosités mal éteintes, l’artiste, pour ne pas se hasarder sur un terrain dangereux, devait louvoyer entre des écueils ou s’en tenir à des banalités. Henri IV n’avait pas été, (tant s’en faut, un mari modèle. Dans ses rapports avec lui, la reine, au lieu de la douceur et de la patience qu’eussent commandées une dignité ou une vertu plus hautes, avait toujours montré cet esprit d’intrigue et cette soif de pouvoir qui, après la mort du roi, devaient amener avec son fils des démêlés si nombreux et agiter si profondément la France.

Tant bien que mal, on était cependant parvenu à fixer le choix d’un certain nombre de sujets. Pour les premiers tableaux de la série consacrés au début de la vie de Marie de Médicis, à sa naissance et à son éducation, tout s’arrangeait à souhait et l’adulation qui était de règle à ce propos trouvait amplement matière à s’exercer. La jeune princesse ne manquait pas de beauté; élevée à la cour des Médicis, où depuis longtemps les arts et les lettres étaient en honneur, elle avait reçu une instruction en rapport avec son rang. Déjà, avec la Présentation du Portrait de Marie