Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 141.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
RUBENS
ET
LA GALERIE DE MÉDICIS

La suite des tableaux de la galerie de Médicis que nous possédons au Louvre constitue sinon la meilleure, du moins la plus importante des œuvres de Rubens. Cependant non seulement le public, mais la plupart des artistes eux-mêmes ne regardent ces tableaux qu’avec indifférence. Sans doute, leur valeur est très inégale. Dans quelques-uns d’entre eux les abus de l’allégorie se font par trop sentir et l’exécution de plusieurs autres dénote aussi la part, souvent assez grande, qu’y ont prise les collaborateurs du maître. Mais les défauts qu’il convient d’y reconnaître ne lui sont pas toujours imputables. Il en est qui tiennent à la nature même des sujets qu’il a traités, sujets qui lui étaient parfois imposés et dans des conditions qui ajoutaient encore aux difficultés de sa tâche. L’histoire de cette commande, les divers séjours faits à Paris par l’artiste à ce propos, ses relations avec la cour, les circonstances dans lesquelles il peignit ces grandes toiles, et l’accueil qui leur était réservé, tout cela forme un chapitre curieux de la vie de Rubens. En étudiant de plus près l’ensemble de ce travail et en faisant entre les divers morceaux qui le composent les distinctions nécessaires, je voudrais essayer de montrer tout l’intérêt qu’il mérite et la place qu’il occupe dans son œuvre.


I

Rubens était dans toute la maturité de son talent quand Marie de Médicis songea à lui confier la décoration du palais qu’elle