bien commun de toutes les puissances chrétiennes : le bénéfice n’en appartient pas plus spécialement à celle-ci ou à celle-là, et il deviendrait contestable pour toutes, s’il pouvait être enlevé à une seule. Il n’en est pas moins vrai que les capitulations peuvent donner lieu à des abus, et s’il est exact, comme on l’assure, que ces abus aient été particulièrement fomentés ou exploités par les Grecs, il faut les supprimer. Les capitulations donnent aux étrangers chrétiens dans l’empire ottoman des droits qui intéressent leurs personnes ou leurs propriétés, et qui sont exercés par l’intermédiaire de leurs consuls. Peut-être n’est-ce pas employer un mot trop fort que de dire qu’elles introduisent un État dans l’État, et cela montre quels dangers peuvent en résulter si on en use, non pas seulement pour protéger un certain nombre d’individus, mais pour les organiser en association privilégiée contre le gouvernement du pays où ils trouvent l’hospitalité. Cette association peut, dans certains cas, devenir conspiratrice et agressive : les Turcs soutiennent que c’est ce qui est arrivé de la part des Grecs, et les derniers événemens ne permettent pas de repousser a priori leur assertion. Il y a donc un tempérament à apporter, non pas au principe des capitulations, mais à son application. Et sans doute en est-il de même du traité d’extradition que la Porte prétend imposer à la Grèce. Nous ne connaissons pas assez bien l’état actuel de la législation internationale entre la Grèce et la Turquie pour pouvoir discuter cette question ; mais tout le monde sait que le gouvernement grec regarde de parti pris comme Hellènes une partie considérable des sujets du Sultan, et si ces sujets, après avoir commis des crimes ou des débits sur le territoire turc, n’ont qu’à passer sur le territoire grec pour échapper à toute répression, — à la charge sans doute d’y devenir conspirateurs, — il est naturel que le gouvernement ottoman s’émeuve de cette situation et qu’il cherche à y mettre un terme. On voit que, sur plus d’un point, satisfaction peut lui être donnée sans pousser les choses à l’extrême, ni la Grèce au désespoir.
Ce serait pour tout le monde, et pour la Turquie elle-même, une mauvaise politique que celle qui aboutirait à ce dernier résultat. La Grèce est évidemment dans l’impossibilité matérielle de résister davantage, mais elle représente, malgré tout, des forces morales et des intérêts politiques qu’il importe de ménager. Son sort aujourd’hui est entre les mains de l’Europe. Elle l’y a remis elle-même. Il faut croire qu’elle a entendu par là accepter d’avance tout ce que l’Europe déciderait. On a dit que l’empereur d’Allemagne aurait voulu que les contre-propositions de l’Europe fussent d’abord et formellement acceptées par le