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LES SALONS DE 1897

LA PEINTURE AUX CHAMPS-ELYSÉES

Le palais des Champs-Elysées, où s’est ouvert, pour la dernière fois, le Salon de la Société des Artistes français, est décidément condamné. Tandis que les artistes et les amateurs circulent encore, à l’est, dans les galeries du premier étage et dans le jardin de la nef, autour des 3 263 peintures ou dessins, et des 907 sculptures ou médailles qui représentent, pour ce seul Salon, la production exagérée, à deux œuvres par tête, de plus de deux mille artistes ou se croyant tels, du côté de l’ouest résonnent, depuis quelque temps déjà, les pics et les marteaux des démolisseurs qui s’acharnent contre la résistance de la modeste, mais solide bâtisse. La disparition violente de cet honnête édifice, où, depuis quarante ans, s’est déroulée la vie des arts nationaux, ne semble justifiée, jusqu’à présent, par aucune raison économique ou esthétique. Sera-t-il bientôt remplacé par des constructions mieux comprises et mieux présentées, de dispositions plus agréables et d’un aménagement plus facile pour toutes les manifestations du travail et de la curiosité qui, dans une ville comme Paris, doivent se succéder, de plus en plus nombreuses et variées, toujours à brefs intervalles ? C’est ce que l’avenir nous dira. Les dévergondages croissans de l’architecture foraine, dont les expositions universelles, trop fréquemment renouvelées, exaspèrent l’imagination cosmopolite et multiplient les créations hybrides, ne laissent pas d’inspirer, sur ce point, quelques appréhensions aux Parisiens, à ceux du moins que n’affole pas encore le besoin d’agitation et d’étourdissement à tout prix et qui regrettent de voir gaspiller, en