On ne sait jusqu’où ces tribus avaient poussé l’agriculture ; mais elles possédaient certainement des troupeaux. De toutes les stations que M. Orsi a explorées, celle qui lui a paru être la plus ancienne est à Stentinello, au nord du plateau qui portait la haute ville de Syracuse ; il serait même tenté de l’attribuer à une population qui aurait précédé les Sikèles, peut-être aux Sicanes. Or là, dans les rebuts du village préhistorique, il a trouvé, fendus en long pour livrer leur moelle, les os de cinq espèces de ruminans : le bœuf, de petite et de grande race, le mouton, la chèvre, le porc et le chien. Il ne semble pas que la tribu demandât à la chasse une partie de sa subsistance ; point d’os d’animaux sauvages. A Castelluccio, où ont été aussi explorés des résidus du même genre, on était plus avancé. Là, le cheval est venu s’ajouter aux espèces domestiques ; les restes du cerf et du daim attestent que l’on savait poursuivre et abattre les fauves. Quoique les cabanes, à Stentinello, se dressassent au bord même de la mer, c’est à peine si l’on a rencontré, dans ces débris de cuisine, une arête de poisson et quelques coquilles d’huître.
Nulle part on n’a découvert le moindre vestige des maisons ; ce ne devait être que des cabanes en branchages, à toits de roseau. La tombe étant, d’ordinaire, la copie plus ou moins fidèle de la maison, il est vraisemblable que ces cabanes étaient rondes et précédées d’une sorte de porche, formé par une saillie des deux parois et par celle de l’auvent. Aux tombes quadrangulaires de la dernière période ont sans doute correspondu des chaumières de même forme et plus spacieuses que leurs devancières. Si les Sikèles ne prenaient pas la peine d’employer la pierre pour bâtir leurs maisons, ce n’est pas qu’ils ne sussent la tailler et l’appareiller. A Pantalica, on signale les restes de ce qui paraît avoir été l’habitation d’un chef, une espèce de palais. Au-dessus du sol se montrent une ou deux assises de murs, faits de blocs d’assez grande dimension, dégrossis à l’outil, qui semblent dessiner de larges pièces. Là où ces blocs laissent entre eux des vides, ceux-ci sont bouchés par de petites pierres et par de la terre ; cela rappellerait le plus ancien appareil de Mycènes et de Tirynthe ; mais, pour parler de cet édifice, il faut attendre que M. Orsi, comme il en a l’intention, ait dégagé ces ruines et fouillé tout ce terrain. Ce qui est, en tout cas, l’œuvre des Sikèles, c’est les murs qui se dressaient devant plusieurs de leurs tombes ; ils sont construits sans mortier, par lits d’assises horizontaux ; les joints montans y sont