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les nécropoles de Finocchilo et de Tremenzano. Ce qui distingue cette période et la caractérise, c’est que la pierre y a tout à fait disparu. Le métal l’a remplacée dans tous les usages de la vie, et ce métal, ce n’est plus seulement le bronze, qui est toujours très abondant, c’est aussi le fer. Le fer avait déjà commencé à se-montrer, mais en très faible quantité, dans l’âge antérieur ; dans ces cimetières plus récens, il devient presque aussi commun que le bronze ; on y recueille des poignards, des fibules, des bracelets, des anneaux de fer. Ce n’est d’ailleurs pas là le seul indice qui marque la différence des temps. Les vases de provenance étrangère que livrent les tombes n’ont plus le même aspect qu’autrefois, et le potier indigène, qui commence à se servir du tour, qui a perfectionné sa méthode de cuisson, s’applique non sans succès à copier ces modèles. S’il ne les égale pas pour la régularité du galbe et la fermeté du dessin, il a su pourtant tirer, des motifs qu’il leur empruntait, un système d’ornementation dont les élémens sont bien choisis et bien liés entre eux. C’est ce dont témoignent, par exemple, ces vases où la zone circulaire qui tourne autour de la panse est coupée, par des barres verticales, en une série de panneaux ; il y a là quelque chose d’analogue à la division de la frise dorique en triglyphes et en métopes. Un chien en course apparaît dans un de ces panneaux. Ailleurs c’est un méandre, l’ornement cher aux artistes attiques du IXe et du VIIIe siècle, qui forme bordure. Le style des potiers sikèles de cette période est un dérivé, une humble variété du style géométrique rectiligne qui, après l’invasion dorienne, a succédé en Grèce au style mycénien.

Ce style, c’est celui que l’on appelle quelquefois le style du Dipylon, du nom de la nécropole où en ont été retrouvés, à Athènes, les plus beaux échantillons. Il commençait à passer de mode, en Grèce, vers la fin du VIIIe siècle ; il n’est pas représenté dans les plus vieilles nécropoles des colonies grecques de la Sicile, dans la nécropole del Fusco, à Syracuse, ni dans celle de Mégara Hyblæa. Dans celles-ci, ce qu’il y a de plus ancien, c’est les vases de style corinthien, qui sont postérieurs aux vases de style géométrique. Si ceux-ci se rencontrent à Finocchito et à Tremenzano, ce n’est donc pas qu’ils aient été achetés, sur place, par les indigènes, aux Hellènes devenus leurs voisins ; c’est qu’ils ont été introduits dans l’île par un commerce maritime qui, comme l’attestent à la fois Homère et le résultat des fouilles, avait, déjà