la collection était pauvre et présentait de lacunes. Ce à quoi il s’intéressait le plus, pour son compte personnel, c’était les monumens des industries primitives ; aussi s’est-il volontiers chargé d’étudier des ossuaires crétois en argile, décorés de peintures singulières, qui dataient du temps des rois achéens[1]. La question mycénienne avait piqué vivement sa curiosité ; les réflexions qu’elle lui avait suggérées l’avaient conduit à s’enquérir d’autres tribus qui, elles aussi, en Italie et en Sicile, avaient précédé les Grecs de l’histoire. A peine fixé à Syracuse, il avait commencé à se préoccuper des Sikèles et à rechercher leurs traces ; mais ceux-ci ne lui firent pas oublier le rôle que Syracuse avait joué dans le monde grec. Je ne sais point de série, dans ce musée, que ses soins n’aient sensiblement enrichie et développée. Il ne pouvait guère espérer y faire entrer de statues. La Sicile n’avait pas de marbres ; le marbre n’y a guère été introduit, par le commerce, que du temps de la domination romaine. C’est par le bronze que les cités grecques et leurs princes ont dû le remplacer ; or on sait combien il est rare que des figures de bronze d’une certaine taille aient échappé à la destruction. En revanche, les terres cuites et les bronzes abondent dans les nécropoles. Ces deux catégories de monumens ont donné de belles suites dont plusieurs, en raison de la manière dont elles furent formées, ont une importance toute particulière. Telles sont, entre autres, celles qui proviennent des fouilles exécutées, en 1889, par MM. Cavallari et Orsi, sur l’emplacement de Megara Hyblæa, et par M. Orsi seul, en 1892 et 1893, dans la plus ancienne nécropole de Syracuse, celle qui se trouve, à la sortie de la ville, le long de la route qui mène à Floridia, dans le terrain que l’on appelle aujourd’hui del Fusco[2]. Megara Hyblæa a été détruite, en 482, par les Syracusains ; en dressant l’inventaire du butin qui en a été retiré, on apprend où en étaient l’art et le goût, en Sicile, à cette date. La nécropole syracusaine n’offre pas un moindre intérêt ; on y suit, dans son développement continu, la marche de la plastique, de la fin du VIIIe au milieu du VIe siècle. La province d’Agrigente touche à celle de Syracuse ; M. Orsi a pu acquérir aussi des pièces de cette provenance. Il n’a pas négligé non plus l’art
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