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desquelles l’éducation du clergé pourrait être réglée. On semblait s’être résigné, à Berlin, à chercher un mode de procéder qui, tout en excluant l’action directe du Saint-Siège, eût été calculé pour rassurer au point de vue religieux les populations des provinces, que ces pénibles controverses agitaient depuis trop longtemps. Néanmoins, et en dépit de la stérilité de tous ses efforts, le ministre de Prusse avait conservé jusqu’à l’heure de son départ une bonne humeur inaltérable, témoignant au secrétaire d’État la plus prévenante courtoisie. Grande fut donc la surprise au Palais apostolique lorsqu’on y apprit l’insertion dans une feuille allemande, réputée officieuse, le Hamburger Korrespondent, d’un article dans lequel on attribuait à l’envoyé de Prusse près le Saint-Siège un langage étrange sur les personnages de la cour pontificale. D’après ce que prétendait avoir recueilli, de la bouche même de M. de Schlœzer, un rédacteur du Hamburger Korrespondent, l’espoir d’un traité de paix ne pouvait plus exister, parce que le Saint-Siège n’avait nullement à cœur de mettre fin au conflit, car ce conflit servait les intrigues qui continuaient de se tramer dans la résidence du Pape contre l’empire allemand et son gouvernement. Les intérêts de la religion et de neuf millions de catholiques allemands importaient peu, ou point du tout, aux prélats de la Curie. Pour eux, il ne s’agissait que d’intérêts hiérarchiques et politiques. M. de Schlœzer eut connaissance de cet article, en arrivant à Munich, peu de jours après son départ de Rome. Il en conçut une amère irritation ; et aussitôt le comte Mentz, qui le remplaçait comme chargé d’affaires, vint déclarer au cardinal Jacobini que nul ne pouvait soupçonner son chef d’avoir tenu le langage qui lui était attribué contre toute vraisemblance et toute convenance.

Les choses n’étaient pas plus avancées lorsque, au mois de septembre, M. de Schlœzer rentra à Rome, rapportant de Berlin la même bonne humeur courtoise que chacun avait remarquée avant son départ pour l’Allemagne. Du reste, et quoique le Pape se fût montré prêt à faire le nécessaire pour provoquer, encore une fois, de la part du gouvernement prussien, un échange d’idées sur les questions en litige, le cabinet de Berlin se renfermait dans une grande réserve ; officiellement, il n’avait rien offert ni rien demandé au Saint-Siège depuis l’insuccès des pourparlers, au cours desquels M. de Schlœzer avait cru pouvoir considérer comme un fait accompli la résolution de Léon XIII d’obtenir