dit-on, chargé de demander que sa succession fût attribuée à l’éminent évêque d’Albano, et cette troisième tentative n’avait pas eu près de Léon XIII plus de succès que les deux précédentes près de Pie IX. Quelque désir qu’eût le Souverain Pontife de se réconcilier avec l’Allemagne, on se demandait dans l’entourage de Sa Sainteté quel accueil rencontrerait une démarche tendant à obtenir que le cardinal de Hohenlohe fût nommé archevêque de Cologne ou de Posen et obtînt ainsi une situation dont l’importance politique aurait paru d’autant plus significative que, dans cet ordre d’idées, le Saint-Siège s’était invariablement refusé depuis dix-huit ans à condescendre aux désirs du cabinet de Berlin.
Rien, en somme, n’était changé à la situation respective du Saint-Siège et du grand empire évangélique, lorsque, dans le courant de décembre 1883, on apprit que le Prince impérial, à son retour d’un voyage en Espagne, passerait par Rome et y ferait une visite, non seulement à son ami le roi Humbert, mais encore au Souverain Pontife. Que sortirait-il de l’entrevue de Léon XIII avec l’héritier présomptif de Guillaume Ier ? La curiosité du monde politique à cet égard était très grande, et chacun attendait avec impatience les éclaircissemens que fourniraient les pièces officielles où il en serait question, notamment les détails que devait contenir une circulaire du secrétaire d’Etat aux nonces pour les mettre au courant des circonstances dans lesquelles avait eu lieu la visite du Prince impérial au Palais apostolique.
Peu d’heures après l’arrivée de Son Altesse à Rome, le 17 décembre, M. de Schlœzer était venu exprimer au cardinal Jacobini le désir de l’héritier du trône d’offrir ses hommages au Saint-Père ; l’audience fut fixée au lendemain 18 décembre, et en effet, ce jour-là, après avoir déjeuné au palais Gaffarelli, résidence de l’ambassadeur d’Allemagne près la cour d’Italie, le prince impérial se rendit au Vatican. Tout de suite la presse officieuse italienne s’attacha à démontrer que cet incident avait la valeur d’une nouvelle et solide assistance prêtée par le Prince à la jeune Italie, une confirmation et en quelque sorte une reconnaissance explicite de la coexistence du Pape et du roi Humbert dans la même capitale. L’audience accordée par le chef suprême de l’Eglise à un hôte du Quirinal était interprétée comme un